Page:Mairet - Marca.djvu/108

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— Quelles vues, chère tante ? — Son père se leva, lui laissant une place dont il n’avait plus que faire. Maxime avait des petites façons moitié galantes avec Véra, qui amusaient fort cette dernière ; elle avait un faible pour ce joli garçon simplement parce qu’il était joli garçon, et gai ; elle ne se faisait du reste aucune illusion sur sa valeur morale ou intellectuelle.

— Est-ce qu’on peut causer sérieusement avec un être frivole comme toi ? Allons, raconte-moi des cancans, quelque aventure bien drôle, pour me faire oublier la passe d’armes que je viens d’avoir avec ton père — il n’est pas divertissant, ton père…

Elle se faisait la confidente des fredaines du jeune homme, en riait aux éclats, et finissait généralement par lui donner de quoi les payer. Maxime trouvait bien qu’elle s’y prenait d’une façon un peu originale pour former le mari de sa fille d’adoption, mais comme il laissait volontiers l’avenir dans une pénombre peu gênante, il se prêtait facilement au caprice de sa jolie tante, qui bientôt le connut à fond.

Cette camaraderie de Véra et de Maxime irritait singulièrement Ivan Nariskine. Il ne savait rien prendre à la légère : se souvenant de sa jeunesse austère, il jugeait avec une sévérité implacable les folies banales de ce jeune parisien ; ce travailleur méprisait ce flâneur. Aussi, tout en