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Page:Mairet - Marca.djvu/114

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gaiement l’éclat du soleil, avec des rayonnements aux vitres. Les arbres aux jeunes feuilles ruisselantes des averses déjà tièdes, donnaient une note fraîche aux longs boulevards, pleins de monde ; le ciel, où couraient de blancs nuages, montrait de grands lambeaux d’un bleu intense ; il soufflait des bouffées de vent qui faisaient frissonner les arbres et forçaient les femmes à retenir leurs jupes. C’était surtout à ce joli marché aux fleurs de la Madeleine que le printemps apparaissait triomphant, parfumé des bonnes senteurs des violettes, des lilas et des roses. Les grandes plantes vertes s’épanouissaient à l’air doux. Les marchandes, qui pendant les temps froids grelottent tristement sous leurs tentes mouillées, les pieds sur une chaufferette, les mains enveloppées dans leur tablier, reprenaient leur air gaillard et faisaient de bonnes recettes. Des mondaines en toilette élégante marchandaient avec la même volubilité de paroles que les ouvrières ; les enfants, heureux du beau temps, se sentaient des envies folles de courir, de crier, et tiraient les mamans par la main. Tout ce monde riait, causait, flânait, était heureux, car le vilain hiver était fini.

Mais c’était Marca surtout qui semblait à sa place au milieu des fleurs ; sa jeunesse répondait au printemps, ses joues fraîches, ses yeux limpides, son beau rire d’enfant, faisaient qu’on se retour-