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Page:Mairet - Marca.djvu/171

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un manteau, et plusieurs se précipitèrent vers la maison pour faire préparer un lit. Mais l’évanouissement de la jeune fille ne dura guère ; elle ouvrit les yeux et, fort étonnée, les fixa sur ceux d’Ivan ; elle voulut se soulever, mais elle n’en eut pas la force et sa tête retomba sur l’épaule du peintre.

Ivan aurait voulu que le trajet fût plus long. Il ne sentait pas le poids de ce jeune corps qui s’abandonnait ; il n’était plus engourdi, son cœur battait avec violence ; ce regard d’un instant lui avait révélé ce qu’il eût peut-être mis encore longtemps à comprendre. Sa vie passée était bien finie, l’ancienne passion bien morte ; il s’en voulait de ce que tout à l’heure il s’était laissé reprendre par une habitude plutôt que par un sentiment. Véra, qui se trouvait à ses côtés, lui parla et il se détourna brusquement ; il ne voulait pas l’entendre, sa vie se concentrait dans le regard intense qu’il fixait sur Marca. Véra s’arrêta un instant, étourdie : non, ce n’était pas possible, elle avait mal vu ; Ivan était ému du danger passé, et en effet, une jeune fille qui meurt dans un éclat de rire est un sujet d’attendrissement. Certes, elle avait mal vu.

Marca, au bout d’un quart d’heure, voulait se lever ; elle n’avait rien ; ses couleurs étaient revenues ; elle parlait beaucoup et ses yeux brillaient ; elle avait un peu de fièvre.