Page:Mairet - Marca.djvu/198

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CHAPITRE XV


Véra s’ennuyait.

Ayant envoyé tout son monde à la promenade, elle se trouvait seule auprès d’une fenêtre du grand salon, regardant le ciel gris et bas, les arbres déjà à moitié dépouillés, écoutant le vent se plaindre en courbant les arbustes jaunis. Elle se disait que la vie, en somme, est bien peu de chose, que les triomphes de l’amour-propre, de la vanité, de la vengeance même ne donnent qu’un moment de satisfaction. Elle avait voulu se jouer de tous les pantins dont elle s’était entourée, elle en avait joué, et maintenant elle demandait autre chose ; les visages trop connus lui devenaient des visages importuns. Elle avait voulu courber toutes les volontés à sa volonté : c’était fait ; elle s’était dit qu’elle imposerait Marca — l’enfant du ruisseau, à la famille de son mari ; les grimaces d’ Amélie l’avaient divertie ; mais les grimaces s’effaçaient maintenant sous un sourire commandé par Jean