dit la pauvrette avec un grand soupir de soulagement. Elle demanda qu’on donnât son nom de Marie à l’enfant ; Véra y consentit ; seulement comme elle n’aimait pas les noms simples, elle habilla celle-ci à la Russe et Marie devint Mâcha, ou comme elle disait, Maka, dont la prononciation française fit bientôt Marca ; le nom lui resta.
Quand, au Bois, on voyait la jeune baronne de Schneefeld ayant sur la banquette de devant une forte nourrice, aux rubans bleu-ciel, portant un paquet blanc, on crut généralement qu’elle venait de donner un enfant au beau baron ; l’histoire vraie était connue d’un certain nombre de personnes, mais les histoires s’oublient vite ; peu à peu il se fit une légende à demi juste, à propos de la petite : c’était une enfant d’adoption, mais une enfant appartenant à la famille, les uns disaient à la famille du mari, les autres, à la famille de la femme ; dans tous les cas, la petite fille devait porter le nom de Schneefeld. On en jasa un peu, puis on oublia l’affaire d’autant plus facilement, qu’au bout de quelques mois on ne vit plus la forte nourrice aux beaux rubans, ni son paquet blanc. Marca ayant eu une maladie d’enfant qui la rendait fort difficile, Véra envoya la belle personne aux rubans, avec son nourrisson par trop bruyant, à la campagne ; le baron avait acheté une jolie propriété à une heure de Paris où il allait de temps en temps, — pas très