souvent depuis son mariage, car Véra n’aimait pas la campagne. Là, le bébé devint superbe ; il y avait d’autres enfants, ceux du gardien de la loge ; avec ceux-ci Marca fraternisa ; une fois, Véra l’ayant vue qui se roulait sur le gazon avec ces marmots mal lavés, fut assez tentée de la laisser avec les paysans, et d’en faire une fille de ferme.
— C’est peut-être ce qu’il y aurait de plus heureux pour elle, lui dit son mari qui n’avait jamais pris au sérieux son rôle de père adoptif : mieux vaut être une bonne fermière qu’une déclassée.
Véra lui jeta un regard oblique ; elle crut démêler dans les paroles de son mari l’influence de sa famille ; elle fit venir l’enfant et l’examina avec soin ; c’était alors une fillette de quatre ans, forte et saine, avec de beaux yeux d’un bleu violet et de bonnes joues rouges ; — un peu paysanne en somme. Cependant les attaches étaient fines, les mains et les pieds fort petits et bien faits. Véra hésita pendant toute une journée ; l’enfant l’amusait, elle n’était nullement sauvage, bavardant, jouant ; c’était évidemment une nature gaie et franche.
Le baron ayant exprimé son opinion, s’en tint là. Résister à sa femme était chose au-dessus de ses forces ; si Véra eût désiré un lion apprivoisé, il aurait contenté ce caprice, tout en faisant faire, pour l’occasion, une chaîne très solide ; il ne s’agissait heureusement que du sort d’une petite orpheline : c’était une