Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/100

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de n’avoir rien de caché. Enfin elle ſe rend à la volonté du ciel… C’eſt avec ſon confeſſeur qu’elle croyoit être couchée, c’eſt avec lui… Cet aveu étoit trop artificieuſement préparé pour ne pas produire ſon effet. Il jette le trouble tout à-la-fois dans le cœur & l’ame du directeur ; il en perd la tête ; il balbutie, il ne ſait ce qu’il dit, ni ce qu’il fait ; la chair ſe révolte avec une impétuoſité qu’il n’avoit pas encore éprouvée, il cherche machinalement à la dompter, il s’agite, il tombe dans une frénéſie délicieuſe ; ſa chair ſe tait, mais il rougit de ſa victoire ; il n’a rien de plus preſſé que de ſe débarraſſer de la pénitente par une prompte abſolution, & d’aller enſevelir ſa honte dans ſa cellule.

Celle-ci n’avoit rien perdu de ce qui ſe paſſoit : elle conçoit qu’il ne s’agit plus que de faire naître l’occaſion d’un tête à tête avec lui, pour compléter ſa ſéduction ; qu’il