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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/101

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faut profiter du moment où ſon imagination eſt exaltée. Elle prétexte une maladie. On étoit dans la quinzaine de Pâques : elle envoie ſon mari prier ſon Confeſſeur de vouloir bien venir l’entendre. Il arrive en diligence ; elle étoit au lit, dans une grande propreté. Il l’interroge avec un vif intérêt ſur ſon état. Elle n’en ſait rien elle-même : ce ſont des vapeurs, c’eſt une mélancolie profonde, une langueur générale, ou plutôt c’eſt un feu ſecret & dévorant. Ce n’eſt plus un ſonge, c’eſt une réalité continue : elle eſt atteinte d’une paſſion violente, qu’elle combat en vain, & cependant paſſion d’autant plus folle, que, dans le cas même où la grace l’abandonneroit, où le démon l’emporteroit, ce ſeroit ſans eſpoir de retour de la part de celui qui en eſt l’objet ; perſonnage grave, éminent en vertu, & qui ne daigneroit pas jeter les yeux ſur elle. Elle ſe