Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/111

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chair, ſont plutôt vieillis & épuiſés que les gens du monde ; ce qu’on attribue à leurs macérations, & ce qui eſt la ſuite du fréquent uſage de l’onaniſme, auquel ils ſont ſujets, faute de femmes, ou crainte de ſe compromettre. Cet exercice ſolitaire, par la facilité de s’y livrer, tourne bientôt en habitude : il devient un beſoin ; mais, au grand détriment de l’individu, puiſqu’un ſeul acte lui cauſe plus de déperdition de ſubſtance, que pluſieurs jouiſſances partagées. Auſſi l’onaniſte, tranſporté dans les bras d’une femme, eſt-il fort difficile à amuſer. Accoutumé à toutes les gradations, toutes les nuances du plaiſir, qu’il prend, qu’il diverſifie, file, ſuſpend ou précipite à ſon gré, il lui faut une prêtreſſe, s’oubliant elle-même, ſe modifiant comme ſa victime, il faut qu’elle étudie & devine, pour ainſi dire,