Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 117 )


Celui-ci aimoit la jouiſſance complette ; mais il étoit jaloux de la réciprocité : il vouloit connoître par lui-même s’il avoit le bonheur d’exciter quelque émotion. Il falloit que Mad. Richard, accoutumée à cette fantaiſie, jouât la comédie, qu’elle pouſſât des ſoupirs, l’interpellât par des exclamations amoureuſes, en un mot parût appéter auſſi ardemment que lui. C’étoit un corps vivant accouplé à un cadavre : n’importe, elle ſe contrefaiſoit à merveille, & parut s’épancher en même tems avec une luxure incroyable & qu’elle étoit bien éloignée d’éprouver. Nous en rîmes bien quand nous nous retrouvâmes ſeules enſemble. Au ſurplus, à bon

    homme qui n’y reçoit du plaiſir qu’en proportion de l’argent qu’il donne. Les filles appellent bon Miché celui qui paye bien ; mauvais Miché celui qui paye mal ; ſot Miché, celui qui n’a pas le ton ou les allures du lieu où il ſe trouve.