Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/131

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tire ſucceſſivement à l’écart, & donne à chacun un rendez-vous ſéparé ; je les prie en même tems de me garder le ſecret, même vis-à-vis de leurs camarades. Je comptois plus ſur leur amour-propre que ſur ma défenſe, du moins juſqu’au moment où ils auroient joui, & cela me ſuffiſoit. En effet, chacun deſirant mettre à fin ſon aventure avant de s’en vanter, rit intérieurement de la duperie des autres, &, en s’en allant, ſe récrie ſur mon honnêteté à laquelle il ne s’attendoit pas : il me cite comme un dragon de vertu, dont il n’eſt pas poſſible d’approcher, comme un phénomene unique entre les courtiſannes.

Afin de mieux juger des talens rapprochés & comparés de ces galans, entre leſquels il s’agiſſoit d’élire un Coadjuteur à Monſeigneur, je leur avois aſſigné rendez-vous pour la même ſoirée, chacun à une heure de diſtance