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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/138

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étoit un Provençal, qui avoit le goût de cette nation, fort déſagréable au ſexe. Il l’avoit contracté dès le college, s’y étoit fortifié au ſéminaire, & ne l’avoit pas perdu au milieu des orgies féminines. Je l’avois fort bien jugé : il avoit tout l’extérieur d’un ſatyre, & c’étoit un monſtre en réalité. J’en attendois des prodiges. Après avoir beaucoup tourné autour de moi, il me fit ſa déclaration d’une eſpece vraiment galante, & dit que, depuis la Venus aux belles feſſes[1], on n’avoit certainement rien vu de ſi divin. Je compris, & lui reprochai la dépravation de ſon goût. Il ſe juſtifia par un axiome reçu généralement dans tous les lieux de débauche : que tout eſt le vaſe legitime dans une femme[2]. A l’appui de ce propos de libertins,

  1. Fameuſe ſtatue que tout le monde, connoit.
  2. Cet apophtegme, dans ſa véritable énergie, porte : tout eſt c** dans une femme.