Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/21

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dut être ma joie, quel raviſſement lorsque je me vis ainſi. J’étois embellie des trois quarts ; je ne me reconnoiſſois pas moi-même ; je n’avois pas encore éprouvé autant de plaiſir ; car j’ignorois l’eſpece de celui qu’alloit me procurer Mad. de Furiel. Au ſurplus, quoique légérement vêtue, & au mois de mars, où il fait encore froid, je n’en éprouvai aucun, je croyois être au printems ; je nageois dans un air doux, continuellement entretenu tel par des tuyaux de chaleur qui régnoient tout le long des appartemens.

Quand Mad. de Furiel fut arrivée, on me conduiſit à elle par un couloir, qui communiquoit du quartier où j’étois, à un boudoir, où je la trouvai nonchalamment couchée ſur un large ſopha. Je vis une femme de 30 à 32 ans, brune de peau, haute en couleur, ayant de beaux yeux, les ſourcils très-noirs, la gorge ſuperbe ; en embonpoint,