Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/29

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ce qu’il me falloit pour débuter avec éclat dans le monde. Ainſi revêtue des agrémens que le luxe & l’art pouvoient ajouter à mes attraits, je fus conduite à l’opéra par ma protectrice, qui reçut de ſes conſœurs des complimens ſans fin. Quant aux hommes, j’entendois qu’ils diſoient dans les corridors, lorſque je paſſai pour m’en aller : Mad. de Furiel a de la chair fraiche, c’eſt du neuf vraiment ; quel dommage que cela tombe en de ſi mauvaiſes mains ! Elle affectoit de me parler pour que je n’entendiſſe pas ces exclamations, & m’entraîna bien vite dans ſon caroſſe.

Le jour de mon initiation aux myſteres de la ſecte Anandrine, avoit été fixé au lendemain, & j’y fus admiſe en effet avec tous les honneurs. Cette cérémonie extraordinaire étoit trop frappante pour ne m’en être pas reſſouvenue dans ſes moindres détails, & certainement c’eſt l’épiſode le plus curieux de mon hiſtoire.