Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/66

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ceroit, entre les bras de qui elle ſe précipiteroit ſi elle cédoit à l’impulſion de ſon cœur. Je ſuppoſe, ce qui n’arrive que trop frequemment, qu’elle ait ſuccombé ; la voilà dans les raviſſemens, dans les extaſes : ne faut-il pas qu’elle uſe de ſtratagême, afin d’éviter la fin même de la nature, la conception ? Si elle s’oublie une ſeconde, il eſt trop tard, elle porte dans ſon propre ſein le témoin de ſa faute, un accuſateur qui la confond. Que de ſoins, que d’inquiétudes, que de tourmens, ſi elle veut dérober ce fatal myſtere ! & faſſe le ciel, qu’afin d’éviter le déshonneur, elle ne ſoit pas forcée de recourir au plus affreux des crimes !

Je ſais que, dans l’hyménée, ces inconvéniens ſont ſupprimés ; mais il en entraîne d’autres : le plus grand & le plus inévitable, c’eſt le dégoût du mari. La facilité, la répétition de la jouiſſance de