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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/68

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rien & nuiſant à qui veut faire[1], que la jalouſie ne s’en mêle pas ; autrement c’eſt un enfer. Cette paſſion peut exiſter auſſi entre tribades : elle eſt même inſéparable de l’amour ; mais quelle différence, puiſqu’elle ne ſert chez nous qu’à l’aiguiſer, & tourne preſque toujours au profit de la jouiſſance ! Oui, c’eſt ce ſentiment qui donne à nos plaiſirs une ſolidité, une durée, dont ceux des hommes ne ſont pas ſuſceptibles.

En effet, imaginons la femme la plus chérie & la mieux fêtée de ſon époux ou plutôt de ſon amant ? A chaque careſſe qu’elle en reçoit, elle doit craindre que ce ne ſoit la derniere, au moins y eſt-elle un acheminement. Les baiſers décolorent le viſage, les at-

  1. C’eſt un eunuque au milieu du ſerrail,
    Qui n’y fait rien & nuit à qui veut faire.

    Tout le monde connoit l’épigramme de Piron qui finit ainſi.