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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/69

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touchemens flétriſſent la gorge, le ventre perd ſon élaſticité par les groſſeſſes ; les charmes ſecrets ſe délabrent par l’enfantement. Par quelle reſſource la beauté ainſi dégénérée, rappellera-t-elle l’homme qui la fuit ? Je me trompe, il lui eſt toujours attaché : il n’a point ceſſé de l’aimer, le cœur brûle encore pour elle ; mais la nature s’y refuſe ; elle eſt dans la langueur, dans la froideur, dans l’engourdiſſement : tout l’hommage qu’il peut rendre à ſon amante, c’eſt de ne lui être point infidele, c’eſt de ne point chercher à retrouver ailleurs ſes facultés. Cruel état pour tous deux ! Perſpective affligeante pour l’amour-propre d’une femme, qui, ſeule, quand je ne connoîtrois pas les caprices, la fauſſeté, les trahiſons, les noirceurs des hommes, me feroit renoncer à jamais à leur commerce !

Chez les tribades, point de ces contradictions entre les ſentimens