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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/75

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jeune, d’une taille moyenne, & qu’à ſa fraîcheur, à ſon coloris vermeil, on auroit pris volontiers pour une fille. Dans ſes viſites, il étoit naturel que ſa maîtreſſe l’entretînt de l’objet qui lui procuroit la félicité d’avoir avec lui des entrevues fréquentes : elle lui en parla ſi ſouvent, & avec tant d’éloges de ma figure & de mes charmes, qu’elle lui alluma l’imagination, & qu’il devint amoureux de moi ſur la ſeule deſcription. Sa paſſion ſe fortifia tellement, qu’il n’y put tenir, & réſolut de juger par lui-même de celle qu’il ne connoiſſoit encore qu’en idée. Il s’y prend adroitement : il fait porter ſa curioſité moins ſur moi que ſur ma façon d’être, que ſur le local que j’habitois : il propoſe à cette ouvriere, un jour qu’elle aura quelque mode à m’apporter, de le laiſſer ſe traveſtir ſous ſes habits, & de la lui confier. Sa maîtreſſe, bien fêtoyée juſques là,