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Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/74

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les arts d’agrément, Je ne parlois plus le langage du village ; je couſois, je brodois, je faiſois de la tapiſſerie, du filet ; je danſois avec grace, je chantois proprement ; je pinçois de la harpe. Ces occupations diverſifiées rempliſſoient mes loiſirs, & les jours couloient rapidement. Il ne me manquoit rien en apparence ; je me croyois la plus heureuſe des femmes, lorſqu’une aventure bizarre me fit connoître la félicité ſuprême, & me plongea bientôt dans un abyme de maux.

La fameuſe Bertin, marchande de modes de Mad. de Furiel, avoit ordre de me fournir tous les ajuſtemens de ſon reſſort, & notre correſpondance étoit fréquente. Une demoiſelle de boutique affidée, alloit & venoit entre nous. Celle-ci profitoit de ſes courſes, pour ſe rendre, à la dérobée, chez ſon amant : c’étoit un coëffeur, nommé Mille, très joli garçon, tout