Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/88

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bienfaits, tu me rends amour pour amour ! ingrate, as-tu pu t’oublier à ce point ? Et dans quels lieux ? Dans des lieux où tout auroit dû te rappeller à la reconnoiſſance, & te reprocher ton crime ; où tu ne pouvois faire un pas, porter un regard, étendre ta main, au loin, de près autour de toi, ſur toi, ſans rencontrer des marques de ma foibleſſe & des preuves de ta perfidie ! Comment n’as-tu pas craint que cette ottomane même, théâtre infâme de tes plaiſirs, ne s’animât tout-à-coup, ne ſe ſoulevât d’indignation, pour rejeter de ſon ſein celle qui la ſouilloit, qui la preſſoit par une proſtitution abominable, dont jusques-là elle n’avoit jamais été le témoin & la complice ?… Au reſte, c’eſt ma faute. Que pouvois-je attendre d’une fille, née de la boue, dont l’ame auſſi baſſe que ſon origine, devoit néceſſairement