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liv. ier.
Agriculture : façons générales à donner au sol.

quelles les Anglais ont donné le nom de charrues-taupes, parce que, comme ces animaux, elles creusent des espèces de galeries souterraines, on a dû demander aide non plus à un simple attelage, mais à des câbles et à des manèges. Un cultivateur français, Aubert, de Château-Arnoux, qui, peut-être, n’avait pas connaissance de ce fait, a cherché récemment à appliquer le même moyen aux labours ordinaires.

La mécanique dont il se sert pour labourer les quelques arpens qui composent son modeste patrimoine, se compose de deux plateaux de chêne d’une égale dimension, attachés l’un sur l’autre à leur extrémité, par quatre pieds solides. — La longueur des plateaux est de 5m 50, leur largeur de 0m10, et la hauteur ou vide de l’un à l’autre de 0m 50. — Au centre de ces plateaux se trouve placé un treuil, de 0m 35 d’épaisseur, mu par un axe de fer portant une douille qui s’élève au-dessus des plateaux, et dans laquelle on introduit un levier de 3m 33 de longueur, avec un palonnier à son extrémité. — Autour du treuil se roule une corde d’un diamètre assez fort pour entraîner la charrue à la distance de 50 à 100m. — Sur les plateaux sont percés des trous dans lesquels on introduit successivement un cylindre de fer qui sert d’axe à une poulie libre montant et descendant sur cet axe pour rouler la corde autour du treuil. — Quatre roues très-basses sont adaptées au bout de cette mécanique pour faciliter son transport d’un lieu à l’autre. Dès qu’elle est fixée sur un point, on conçoit que l’araire puisse être entraînée, sans de grands efforts, d’un bout du sillon à l’autre ; et que, reportée chaque fois sur un léger chariot à l’origine d’un nouveau sillon, à l’aide d’un cheval ou d’un âne qui peut servir ensuite à faire mouvoir le treuil, elle recommence successivement le même travail. — À chaque deux sillons on change de trou l’axe avec sa poulie.

D’après le rapport qui a été fait au conseil général des Basses-Alpes, cette araire employait 12 minutes pour creuser un sillon de 37 à 40 c. de profondeur et 33 c. de largeur, sur une longueur de 50 mèt. ; — elle perdait 8 minutes pour recommencer le travail.

Jusqu’ici une telle innovation ne paraît donc pas présenter d’avantages dans la pratique générale des labours ; toutefois, elle est, comme tous les procédés nouveaux, susceptible de perfectionnemens qui pourront la rendre fructueuse, et, sous ce rapport, nous avons cru devoir l’indiquer ici sommairement.

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§ iii. — Araires à deux roues.

La charrue Rosé, montée en araire (fig. 240), est une de celles qui ont obtenu le plus de succès dans les divers concours qui ont

Fig. 240.

eu lieu depuis un certain nombre d’années aux environs de Paris et ailleurs. Il suffit de dire qu’elle a remporté 16 fois le prix en concurrence avec les meilleures charrues, pour faire son éloge aux yeux des praticiens.

À la seule inspection de la figure, on peut juger qu’elle est construite de manière à agir comme araire simple ou comme araire à support. — En effet, si l’on supprime par la pensée ce support, on voit une araire avec son double régulateur horizontal A et vertical B, disposés de manière qu’on peut régler l’entrure et la largeur de la raie avec une grande facilité, en faisant mouvoir la tige B de haut en bas ou de gauche à droite, et en l’arrêtant au point voulu par la vis de pression C. — Chaque roue EE, portée, au lieu d’essieu, sur une tige percée de trous FF, peut s’abaisser ou s’élever en même temps que sa voisine, de manière à faire piquer plus ou moins la charrue, ou se mouvoir indépendamment de l’autre afin de maintenir le parallélisme de l’instrument dans les terrains en pente ou les labours en billons. Chacune de ces tiges est maintenue à la hauteur désirée par un simple verrou fixé dans le châssis qui unit le support à l’age, ainsi que le représente le détail D.

Ajoutons que le coutre, incliné dans une mortaise percée au milieu de l’age, est maintenu dans sa position par une vis de pression adaptée à la gauche de l’age ; — que le soc, fixé par deux écrous seulement, peut s’enlever et se remettre avec une très-grande facilité, ainsi que le versoir et même le sep.

Dans cette charrue tout le corps est en fonte.

M. Rosé, pour satisfaire à tous les besoins, a adopté dans ses fabriques 4 modèles de grandeurs différentes : le 1er, du prix de 50 f. sans avant-train et de 75 f. avec avant-train ; — le 2e, de 65 ou de 95 ; — le 3e, de 70 ou de 100 ; — le 4e, enfin, de 80 ou de 110. Les versoirs, les socs et les seps de ces différens mo-