— Ils sont sans nombre : on peut citer le
gonflement du bois, le dépôt d’humidité sur
les pierres et le fer qui semblent suer ; on voit
alors les cordes des instrumens de musique
se briser, les toiles des tableaux et les papiers
de teinture se relâcher, le sel devenir humide,
un cercle remarquable se montrer
autour des lumières, les étangs devenir
troubles et boueux, etc.
Signes d’orage : Quand le temps est étouffant et que le sol se fend, c’est toujours un présage que l’orage est proche ; dans l’été, quand le vent a soufflé du sud pendant 2 ou 3 jours, que le thermomètre est élevé et que les nuages forment de grands amas blancs, comme des montagnes qui s’entassent les unes sur les autres, accompagnés de nuages noirs en dessous : si deux nuages de cette espèce apparaissent des deux côtés. On a observé que c’est le vent du sud qui amène le plus d’orages, et le vent de l’est qui en amène le moins.
Signes de grêle et de neige : Les nuages d’un blanc jaunâtre et qui marchent lentement, quoique le vent soit fort. Si, avant le lever du soleil, le ciel vers l’est est pâle, et si les rayons réfractés se montrent dans des nuages épais, attendez alors à de grands orages avec grêle. Les nuages blancs dans l’été sont signes de grêle, mais dans l’hiver, de neige, surtout quand l’air est un peu adouci. Au printemps et dans l’hiver, quand les nuages sont d’un blanc bleuâtre et s’étendent beaucoup, on doit s’attendre à du grésil, qui n’est autre chose qu’un brouillard congelé.
Signes de froid et de gelée : L’apparition prématurée des Oies sauvages et autres oiseaux de passage ; la réunion des petits oiseaux en bandes ; l’éclat du disque de la lune, et l’aspect pointu de ses cornes après le changement de lune ; si le ciel est brillant d’étoiles ; si de petits nuages bas voltigent vers le nord ; si la neige tombe fine, tandis que les nuages s’amoncèlent comme des rochers.
Signes du dégel : La chute de la neige en gros flocons tandis que le vent souffle du sud, les craquemens qui se font entendre dans la glace ; si le soleil paraît baigné d’eau, et les cornes de la lune émoussées ; si le vent tourne au sud ou est très-changeant. On voit que ce sont en général les mêmes indices que pour l’humidité.
Section viii. — Du climat de la France.
L’Anglais Arthur Young rend ce témoignage en faveur du climat de la France, que de toutes les contrées de l’Europe il n’en est peut-être pas une qui soit dans des conditions pareilles de prospérité. Sachons donc profiter des avantages naturels de notre situation. Ceux qui tiennent au climat sont aussi essentiels que la qualité du sol, et il est impossible d’avoir une idée exacte de l’abondance et des ressources d’un État, si l’on ne connaît pas les avantages et les désavantages naturels de ses différens districts. Mais il faut avouer que, pour le cultivateur praticien, il n’en est pas tout-à-fait ainsi : des généralités sur le climat des différens bassins de la France auraient pour lui peu d’utilité, et il trouvera plus de profit à méditer les considérations consignées dans les sections précédentes, afin de les appliquer à la localité qui l’intéresse.
Qu’il nous soit permis de dire seulement que le climat général de la France est tempéré, et que, considéré dans l’ensemble, il n’est ni sec ni humide ; il se prête merveilleusement à toutes les tentatives des cultivateurs, qui le verront récompenser leurs efforts s’ils savent choisir avec discernement les cultures convenables à chaque localité. En effet, le territoire français est trop vaste et trop varié pour qu’il soit possible d’y prescrire une culture uniforme. Ainsi, la Normandie et une partie de la Bretagne sont mises, par le voisinage de la mer, dans des conditions analogues au climat de l’Angleterre, et il en résulte que l’air est plus humide et plus favorable aux pâturages, que la température y est plus égale, c’est-à-dire les étés moins chauds, et les hivers moins froids.
D’un autre côté, Arthur Young dit qu’en Angleterre, le fermier qui, ayant labouré en automne, sème en février, jette les semailles dans un bourbier ; tandis qu’il sème dans une terre de jardin, si après avoir labouré en février, il confie immédiatement ses semences à la terre. Il en est tout autrement dans la culture du midi : l’homme qui laboure en hiver et sème en février, travaille dans une terre de jardin ; celui dont les labours sont exécutés en février, ne sème le plus souvent que dans des mottes à peine brisées, et est obligé à un grand nombre de travaux préparatoires. La sécheresse de l’été oblige les cultivateurs des terres fortes en Provence à se servir beaucoup du rouleau après chaque labour ; un hersage qui suit l’action du rouleau, émiette parfaitement la terre ; lorsque les printemps sont secs, on est obligé d’employer d’énormes rouleaux de pierre, dont le travail difficile et pénible reste quelquefois imparfait. Les seconds labours d’été offrent dans ces régions un autre genre de difficultés, lorsqu’il ne pleut pas, ou que les pluies estivales sont peu abondantes, ce qui est le plus ordinaire : un labour fait imprudemment gâté la terre, et y fait croître une multitude de coquelicots et de crucifères qui épuisent le sol et le couvrent pour plusieurs années de leurs semences abondantes. — Ces considérations font sentir combien on doit insister sur l’influence des climats dans l’application des principes de l’agriculture.
Rozier fait remarquer que la France est divisée en 14 bassins, dont 4 grands et 10 petits : on entend par bassin tout le pays qui a pour ses eaux une même voie d’écoulement ; ainsi la portion du terrain qui sépare un bassin d’un autre est nécessairement plus élevée, puisqu’elle détermine la pente des eaux. Nous nous bornerons ici à nommer ces bassins.
Les 4 grands sont ceux du Rhône, de la Seine, de la Loire et de la Garonne, qui doivent être subdivisés chacun en un assez grand nombre d’autres. Les 10 petits bassins admis par Rozier sont ceux de la Basse-Provence ou du Var ; du Bas-Languedoc, formé par plusieurs petites rivières, et principalement par l’Aude et l’Hérault ; de la