Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/430

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dant, comme les autres Suisses, on le mange aussi en vert. Fig. 594.

22. Le Haricot noir ou nègre (fig. 594) est au moins aussi bon que les Suisses pour être mangé en vert. Dans beaucoup de lieux, on le préfère même, et il est de fait que ses gousses longues et cylindriques, dans leur jeunesse, sont d’un goût parfait. Il est précoce et donne beaucoup. Malheureusement il est sujet à filer.

23. Le Haricot de Lima (fig. 695) appartient Fig. 595. à l’espèce que les botanistes ont désignée sous le nom de Phaseolus lunatus. « Son grain est très-gros, épais, d’un blanc sale ; sa cosse large, courte, un peu rude et chagrinée comme celle du haricot d’Espagne. C’est une variété remarquable par son énorme produit et la qualité farineuse de son grain ; mais il est délicat et tardif pour le climat de Paris, où l’on n’obtient la maturité d’une partie des gousses qu’en l’avançant sur couche dans de petits pots, pour le planter ensuite en mai, un à la touffe. On le mange écossé ou en vert. Il rame très-haut et pourrait devenir précieux pour le midi de la France. — M. Vilmorin a reçu d’Amérique, sous le nom de siéva, une variété du précèdent, un peu plus petite et beaucoup plus hâtive. » (Bon Jardinier. 1835.)

24. Le Haricot d’Espagne ou à bouquets (Phaseolus coccineus) est encore une espèce distincte, remarquable par la grosseur de ses grains. Outre les deux variétés à fleurs et à grains blancs (fig. 596), et à fleurs rouges et à grains gris jaspés de noir (fig. 597), il parait Fig. 596. Fig. 597. qu’il en existe quelques autres voisines de la première, et qu’on a, dans ces derniers temps, préconisées peut-être outre mesure. Le haricot d’Espagne peut devenir en quelque sorte vivace par ses racines. Cette année même, M. Rendu en a donné une nouvelle preuve à la Société d’horticulture de Paris. — Cette espèce est, à mon gré, plus remarquable par l’abondance de ses gousses qui se prolongent jusqu’aux gelées, et le volume de ses grains, que par leur qualité.

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§ ii. — Du climat et du terrain.

Les haricots, en général, ont besoin à la fois de chaleur pour fructifier abondamment et pour amener leurs graines à bien ; de fraîcheur dans le sol, pour entretenir leur luxueuse et rapide végétation. Ce sont des plantes plutôt du midi et du centre que du nord de la France, où cependant on les cultive encore, mais beaucoup moins en plein champ que dans les jardins ou à des expositions choisies.

Un sol léger, et pourtant substantiel et frais, leur convient particulièrement. — Dans les terres argileuses, leur culture est plus difficile et presque toujours moins productive. Ils y grènent peu, parce qu’ils fleurissent moins abondamment, et parce que leurs fleurs sont plus sujettes a la coulure. — Dans les terres sablo-calcaires, les haricots donnent des produits très-abondans, si l’on peut féconder la chaleur naturelle à ces sortes de sols par des arrosemens ou des irrigations. — On sait que les terrains gypseux ont l’inconvénient de produire des graines d’une cuisson d’autant plus difficile qu’ils abondent en sulfate de chaux.

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§ iii. — De la préparation du terrain.

Quelle que soit l’aridité naturelle du sol, on parvient toujours à le rendre propre à la culture des haricots, en lui donnant des engrais et surtout de l’humidité ; car l’eau et la chaleur sont les deux agens les plus puissans de leur belle végétation. — Dans les lieux où des infiltrations naturelles humectent le sous-sol, pendant les chaleurs estivales, jusqu’à portée des racines, comme on le remarque assez fréquemment dans le sud-est de la France, la Toscane et bien d’autres lieux, des graviers qui, partout ailleurs, resteraient inféconds, deviennent alors d’une fertilité prodigieuse, notamment pour la précieuse légumineuse qui nous occupe en ce moment.

Sur les terres légères, deux labours de préparation suffisent. Le premier, donné en automne ou pendant l’hiver, peut être profond, car il ne faut pas perdre de vue que plus la couche labourée sera épaisse, et mieux la fraîcheur s’y conservera pendant l’époque des sécheresses ; — le second labour sert à enfouir les engrais et à disposer le champ à recevoir le semis. Celui-là doit pénétrer d’autant moins avant que le sol est plus perméable, et que les eaux pluviales pourraient entraîner par conséquent plus promptement les sucs nourriciers au-delà de l’atteinte du chevelu des racines.

Sur les terres plus compactes, trois labours sont souvent de rigueur. Nous ne reviendrons pas ici sur la nécessité de les commencer avant les fortes gelées, pour la bonne préparation de ces sortes de terrains, et l’économie des façons suivantes. On sait qu’un seul labour d’automne, donné à propos, en vaut souvent plusieurs autres.

Tous les engrais conviennent aux haricots. Quand la terre est légère à l’excès, les fumiers de vache lui donnent quelque consistance, et sont par conséquent préférables sous ce rapport. Les terres qui s’échauffent facilement n’ont pas, d’ailleurs, besoin d’engrais très-actifs. Il en est tout autrement des argiles compactes, naturellement froides. Là, le fumier de cheval, de mouton, et les engrais pulvé-