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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/437

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trop prolongées leur étant également contraires. — Jamais, à raison de la dépense, on ne rame les pois de primeur cultivés en plein champ, mais on a soin de les espacer de manière qu’ils ne se gênent point, ou peu, en rampant. D’ailleurs, comme les premiers petits pois se vendent dix à douze fois plus chers que les derniers, et qu’ils ne coûtent cependant pas davantage de frais de culture, non seulement on les sème le plus tôt possible, mais on les pince dès qu’ils ont deux ou trois fleurs, ce qui les empêche de s’élever beaucoup au-delà d’un pied. » Bosc, Cours complet d’agriculture théorique et pratique.)

Comme on vient de le voir, la culture des pois peut être fort avantageuse dans les localités où la valeur de leurs produits permet de les cultiver avec le soin nécessaire. — Il n’est pas impossible de recueillir de 11 à 12 hectol. de graines par demi-hectare ; mais il n’est pas sans exemple, non plus, de n’obtenir que 3 ou 4 fois la semence.

On a calculé que les pois-primeurs cueillis en vert et encore contenus dans leurs gousses, doivent donner en des circonstances favorables, et à l’aide d’une bonne culture, de 25 à 30 et 40 hectolitres par arpent, ou le double par hectare.

Si le produit en grains est assez casuel, du moins lorsque le sol est convenablement préparé et amendé, on peut toujours compter, bon an mal an, sur un produit assez considérable en fanes desséchées. Une telle récolte est fort importante dans certaines exploitations rurales, et contribue beaucoup à ajouter aux bénéfices que peuvent procurer les cultures de pois.

Section v. — Des Lentilles.

La culture de la lentille en plein champ a deux destinations principales : la production de ses graines, dont on fait en France une consommation assez considérable, et celle de ses tiges, qui, fauchées en vert lorsque les gousses sont déjà formées, procurent un fourrage dont le peu d’abondance est compensé par l’excellente qualité, puisqu’aucun autre herbage n’est plus riche en parties nutritives, Fig. 610. et qu’on est obligé de ne donner celui-là aux bestiaux, même en sec, qu’avec modération.

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§ ier. — Espèces et variétés.

La Lentille (Ervum) ; en angl., Lentil ; en all., Lentzen, et en ital., Lenticio (fig. 610), a pour caractères génériques un calice en tube à 5 divisions profondes, qui diffère de celui des vesces parce que ces divisions sont presque égales ; — un étendard plus grand que les ailes et la carène, arrondi, légèrement courbé et creusé de deux fossettes au-dessus de l’onglet ; — des ailes obtuses ; — un légume oblong, contenant de 2 à 4 graines plus ou moins comprimées.

On cultive en grand deux espèces et trois variétés de lentilles : la grande (Ervum lens major), la petite ou lenlillon (Ervum lens minor), et la Lentille à une fleur (Ervum monanthos).

1. La grande Lentille (fig. 611) est une des plus cultivées. On l’apporte Fig. 611. abondamment sur les marchés de Paris, des sables quartzeux des environs de Rambouillet, des sols volcaniques du Puy, et des terres calcaires et légères du Soissonnais. Le grain de cette lentille est de couleur blonde, fortement comprimé et large d’environ 3 lignes (0m007).

2. La petite Lentille, Lentille à la reine, Lentille rouge (fig. 612), est plus petite de près de moitié que la précédente. Fig. 612. Ses grains, plus bombés et plus colorés, sont regardés dans beaucoup de lieux comme plus délicats. C’est cette variété qui, sous le nom de lentillon, est cultivée le plus fréquemment dans les champs comme fourrage, quoique l’autre soit également propre à la même destination.

3. La Lentille uniflore, assez répandue dans le Loiret, sous le nom impropre de Jarosse, et dans le Roussillon sous celui de petite Lentille, diffère essentiellement des autres lentilles, par ses stipules dont l’une est linéaire et entière, tandis que l’autre est beaucoup plus grande et divisée en 6 ou 7 lanières grêles et profondes. Les 3 ou 4 grains de la gousse sont irrégulièrement sphériques (fig. 613). Cette espèce est cultivée comme fourrage et pour Fig. 613. ses fruits. — Nous verrons, en parlant des prairies, qu’elle offre une précieuse ressource sur les terrains sableux les plus médiocres.

Toutes les lentilles sont des plantes propres aux assolemens des terres légères ; elles redoutent la trop grande humidité plus qu’elles ne craignent la chaleur. Aussi croissent-elles beaucoup mieux que les fèves, les pois même et les haricots, sur les sols sablonneux d’assez médiocre qualité ; sur les terrains sablo-calcaires ou calcaro-sableux, peu susceptibles de donner d’autres produits aussi avantageux.

On les sème ordinairement comme cultures jachères, sur un ou deux labours, tantôt en augets ou en touffes de la manière que j’ai indiquée pour les haricots ; tantôt en rayons ou en lignes, tantôt enfin à la volée.

Les deux premières méthodes sont particulièrement applicables aux cultures de lentilles dont on veut récolter les graines. Les semis en quinconce, par touffes, qui se font nécessairement à la main, ainsi qu’on l’a dès long-temps remarqué, ont non-seulement l’inconvénient d’être lents et par conséquent peu praticables en grand, de rendre les binages à la houe à cheval impossibles et les autres plus difficiles, mais