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chap. 17e.
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DES RAVES, NAVETS, TURNEPS ET RUTABAGAS

Ainsi, en supposant un produit probable de 200 hect. à 2 fr., on réalisera une valeur de 
 400 f.
Si à la dépense en travail évaluée ci-
dessus à 
 102 f.
on ajoute, pour le fumier 
 80
— pour le loyer 
 60
— pour les frais généraux 
 50

on aura un déboursé total de 
 292
292

ce qui établira un bénéfice net de. . 108 f. sans y comprendre les fanes.

Il n’est peut-être pas inutile de transcrire ici les cotes des différentes espèces de pommes-de-terre sur la halle de Paris, prix moyens, parce que ces détails pourront guider les cultivateurs dans le choix des variétés qu’ils peuvent produire avec plus d’avantage.

1834 Hollande
nouvelle
l’hect.
Vitelotte
l’hect.
Jaunes
l’hect.
Grises
l’hect.
fr. c. fr. c. fr. c. fr. c.
Février 
5 » 5 » 3 50 4 »
Mars 
5 » 5 » 3 » 4 »
Juin 
» » 8 12 4 06 8 10
Juillet 
» » 8 » 4 » 8 »
Septembre 
4 » 4 » 2 50 3 50
De sept. à janv. 
3 50 4 27 2 75 3 64

Il résulte de ce tableau, qui résume assez bien les variations dans les prix, qu’il y a un grand avantage à cultiver des variétés qui conservent leurs qualités pendant un grand espace de temps, et qu’il est possible, dans bien des cas, d’obtenir un prix double en adoptant un procédé de conservation qui permette de reculer l’époque de la vente. Antoine, de Roville.

Section ii. — Des Raves., Navets, Turneps et Rutabagas.

Tout le monde sait qu’il est avantageux de cultiver successivement sur le même sol un grand nombre de plantes, parce que moins elles sont cultivées a des époques rapprochées, moins elles épuisent la terre et plus elles donnent de produits : sous ce rapport, l’introduction de la culture des navets est avantageuse ; elle l’est encore sous d’autres qui sont particuliers à la plante : cultivée pour préparer le sol à la culture des céréales, elle l’épuise moins que les autres plantes cultivées dans le même but, telles que les pommes-de-terre, les pois, les betteraves même ; elle est en même temps, pour le bétail de toute espèce, particulièrement pour celui destiné à l’engrais, une nourriture d’hiver excellente, qui remplace presque les fourrages verts d’été, empêche les animaux de souffrir du passage du régime de cette saison au régime d’hiver, et, comme la betterave, elle fournit une quantité immense de nourriture ; elle ne le cède donc sous aucun point avantageux aux autres plantes sarclées, et il faut bien qu’il en soit ainsi pour qu’elle soit devenue en Angleterre la plante de prédilection, celle qui occupe un sixième environ des terres labourées.

C’est surtout pour occuper la terre pendant l’année de jachère triennale, ou pour passer de l’assolement triennal à un assolement de plus longue durée, que cette culture est d’un avantage marqué. Après une culture de navets, la récolte des céréales, du blé, soit d’hiver, soit de printemps surtout, est plus abondante dans la plupart des terrains, parce que le terrain est mieux fumé, plus net et plus ameubli. Il en est de la consommation des navets par les bestiaux, comme de la consommation des betteraves par une fabrique de sucre de cette plante. Le mode d’emploi par les bestiaux est une véritable manufacture qui convertit un produit dans un autre beaucoup plus lucratif, ce qui augmente d’autant les bénéfices du cultivateur. Il y a cependant pour les cultivateurs cette différence, que la fabrication du sucre de betteraves exige des capitaux assez considérables et des connaissances particulières ; tandis que l’action de faire consommer les navets par les bestiaux n’exige que la connaissance des besoins et des débouchés locaux.

On sait que les navets sont aussi une bonne ressource pour la nourriture de l’homme, non seulement par les racines, mais encore par les pousses ; en effet, au printemps, lorsqu’elles montent en graines, ces pousses vertes sont un très-bon manger ; bouillies et servies avec la viande, ou assaisonnées au beurre, blanchies à la cave ou dans une serre à légumes, elles sont encore plus tendres et plus douces, offrent ainsi en hiver un mets facile à se procurer et à la portée de tous, puisqu’il ne coûte que la peine de le cueillir.

[17 : 2 : 1]

§ ier. — Espèces et variétés.

Les Navets (Brassica napus) et les Raves (Brassica rapa) : en anglais, Turnip ; en allemand, Rube ; en italien, Rapa ; en espagnol, Nabo, sont considérés par certains botanistes comme deux espèces, par d’autres comme deux variétés du genre Chou (Brassica) de la famille des Crucifères, dont le type originaire croit spontanément sur les terrains sablonneux des bords de la mer, et que l’on confond souvent ensemble, ainsi que sous les dénominations de Rapes, Rabioules, Rabioles, Rabettes, Navettes, Turneps, Rutabagas ou Navets de Suède, etc. On en cultive en plein champ et dans les jardins, principalement en Angleterre, en Allemagne et en France, une foule de variétés et de races. Les Raiforts ou Radis (Raphanus) forment un genre très-voisin, mais distinct et qui appartient exclusivement à l’horticulture.

Les principales variétés qu’il convient de recommander à la grande culture en France sont :

Le Navet des Vertus (fig. 626), dit aussi Rond pyriforme’, très-blanc, hâtif et de bonne qualité (voy. page suivante) ;

Le N. des Sablons, demi-rond, blanc, très-bon ;

Le N. de Claire-Fontaine, très-long, sortant presqu’à moitié de terre ;

Le N. de Meaux, très-alongé et en forme de carotte effilée.

Ces variétés sont principalement cultivées pour la nourriture de l’homme : les jardiniers en énumèrent un bien plus grand nombre.