Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/457

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des Ensemencemens (page 213). Nous avons vu employé très-généralement en Angleterre, et notamment dans la belle ferme de M. Rennye, où nous avons suivi tous les détails de la culture des navets, le semoir que nous représentons (fig. 635), et qui nous parait

[Fig. 635.]

l’un des plus simples et des plus solides.

L’action de cette machine donne d’abord aux billons la forme suivante (fig. 636), puis les

[Fig. 636.]

socs creux qui suivent immédiatement les rouleaux ouvrent les billons (fig. 637) directement

[Fig. 637.]

au-dessus de l’endroit où est placé le fumier, et déposent la graine dans le fond des petits sillons qu’ils font. Enfin, derrière ces socs, d’autres rouleaux recouvrent de terre les graines, les enterrent et redonnent aux billons la forme de la figure 636[1]

Le placement de la graine se trouve ainsi fait immédiatement au-dessus du fumier, afin que les premières racines de la plante trouvent constamment non pas tant de quoi se nourrir que de l’humidité. On a remarqué qu’autrement les premières racines étaient facilement desséchées par les chaleurs, ce qui faisait périr la plante : ce qui était très-rare au contraire quand la graine était déposée immédiatement au-dessus du fumier. Sous ce rapport seul, la culture en rayons est d’un immense avantage.

Cette préparation de la terre pourra paraître compliquée, difficile et dispendieuse : en l’étudiant attentivement, on verra cependant qu’elle n’est compliquée et difficile que parce que tous les travaux se font en même temps ; et qu’elle ne demande que les mêmes opérations qu’on serait obligé de donner à la jachère complète, pour la préparer aux ensemencemens de blé d’hiver, et qui consistent aussi dans l’ameublissement du sol, dans le fumage et dans l’enterrement du fumier.

On sème les navets depuis mai jusqu’à la fin de juin ; mais le commencement de juin est l’époque en général la plus favorable. Le navet de Suède ou rutabaga peut être semé quinze jours plus tôt que les autres espèces, et c’est un avantage dans les grandes exploitations où on a une vaste quantité de terrain à ensemencer en cette plante ; on commence par le rutabaga, et on finit par les autres variétés.

On ne fait pas beaucoup attention à la quantité de graine que l’on met en terre, et le semoir en verse ordinairement dix fois plus qu’il n’est nécessaire. Cette espèce de prodigalité est utile pour parer aux effets des années défavorables à la végétation, à la mauvaise qualité de la graine, qui ne lève qu’en partie ; enfin des insectes qui attaquent les jeunes plants et qui les détruisent. Au moyen d’un semis abondant, on trouve dans les places trop garnies de quoi pouvoir, au moyen du repiquage, planter celles qui sont dépourvues : la graine de navet est généralement si peu chère que le surcroît qu’on en sème dans ces différens buts est une dépense presque insignifiante.

Travaux qui suivent l’ensemencement.

Quand les navets ont été semés de la manière que nous avons indiquée, les travaux qui suivent deviennent faciles. Les plantes étant hors de terre et ayant deux feuilles un peu larges, on donne une première façon avec une houe à cheval. Le but de cette opération est de débarrasser la terre des plantes étrangères qui sont levées en même temps que les navets, et aussi d’ouvrir la terre, sans la retourner, pour la rendre perméable aux influences atmosphériques, surtout à l’humidité de la nuit. Ce sarclage est extrêmement facile dans les rangées de navets ; un homme et un cheval tranquille font beaucoup de besogne dans une journée.

Cette opération ne peut détruire les plantes étrangères qui sont entre les navets d’une même rangée ; on détruit celles-ci de la manière suivante : Des femmes, armées d’une houe à main, dont le fer est large de cinq à six pouces, marchent chacune dans sillon, et d’un coup à travers la rangée de navets enlèvent tout ce qui s’y trouve. Entre chaque espace ainsi nettoyé, reste une petite touffe de navets, qu’elles éclaircissent ensuite avec un des angles du fer de la houe ou avec la main, de manière à ne laisser que le pied le plus vigoureux. — Cette seconde opération enlève le reste des plantes étrangères et espace les navets d’environ un pied. On espace davantage, et souvent jusqu’à 18 pouces, les variétés dont les tubercules sont très-gros.

Quelque temps après ce premier sarclage, on donne une troisième façon avec une petite

  1. Les agriculteurs préfèrent généralement changer cette graine en la renouvelant par des graines venues d’un sol situé sous un climat peu éloigné, plutôt que de la reproduire constamment chez eux par la conservation de porte-graines.