Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/529

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à cause de sa rusticité. Cette espèce s’élève moins et procure par conséquent un foin moins dur que les précédentes ; elle est du reste très-feuillue, et ses fleurs, comme toutes celles des mélilots, sont fort recherchées des abeilles.

Luzerne (Medicago). — Calice cylindrique ; — étendard écarté, réfléchi ; — gousse plus ou moins courbée en forme de faulx ou tortillée en spirales. — Toutes les luzernes sont à feuilles ternées, à folioles dentées en scie et à fleurs presque toujours disposées en petites grappes lâches.

La Luzerne cultivée (Medicago sativa, Lin.), vivace (fig. 688), a les tiges droites, hautes Fig. 688. d’un à deux pieds, glabres et peu rameuses ; — ses folioles sont ovales-lancéolées, dentées vers leur sommet seulement ; — ses fleurs violettes, purpurines, bleuâtres ou jaunâtres, donnent naissance à des gousses glabres, étroites, contournées en forme d’escargot.

De toutes les plantes fourragères, la luzerne est la plus productive. A côté de cet avantage qui résume tous les autres, elle présente cependant deux inconvéniens qui contribueront toujours à restreindre sa culture : d’une part, quoiqu’elle vienne en des terrains de diverses sortes, il faut, pour qu’elle y prospère, qu’ils soient en même temps profonds, substantiels et d’une consistance moyenne ; — de l’autre, ainsi que j’ai dû le répéter en traitant des assolemens, plus sa durée est longue, moins il est possible, sans compromettre l’avenir, de la ramener fréquemment sur le même sol. En vert, elle offre les mêmes dangers que le trèfle et la plupart des légumineuses.

La luzerne préfère à toutes autres les bonnes terres franches, les sables gras, les dépôts limoneux bien égouttés et les terres argilo-sablo-marneuses. Elle languit dans les localités arides et sur les fonds compactes, d’une humidité froide. Elle redoute également les sols calcaires à l’excès, lors même qu’ils ne seraient tels qu’à une certaine profondeur. — A la vérité, M. de Dombasle l’a vue réussir momentanément sur des coteaux d’une argile marneuse presque partout très-tenace, d’une fertilité au-dessous de la moyenne, et reposant sur un sous-sol en apparence imperméable à ses racines, ou, dans beaucoup de cas, sur une marne pure appelée dans le pays chalin, d’une infertilité presque absolue ; mais elle y a peu duré, et ses produits ont été en définitive si médiocres qu’il a fallu renoncer à l’y cultiver.

On sème le plus habituellement la luzerne au printemps, sur de l’orge ou de l’avoine. Comme elle craint le froid, surtout pendant sa première jeunesse, dans les terrains bas et exposés aux gelées tardives, il est prudent d’attendre le mois de mai. — Yvart avait adopté la coutume de la semer sur de l’escourgeon ou du seigle d’automne. (Voy. page 470)

Il est rare, lorsque l’on veut conserver une luzernière aussi long-temps et en aussi bon état que possible, qu’on ne la recouvre pas de quelques-uns des engrais pulvérulens, des composts dont il a été précédemment parlé, ou de plâtre, et quelquefois alternativement des uns et de l’autre, ce qui, dans mon opinion, est une excellente pratique. On peut fumer une fois de la fin de l’hiver au commencement du printemps, vers la moitié de la durée de la prairie, et plâtrer à petites doses de deux années l’une sur les jeunes pousses déjà développées de la première coupe.

Olivier de Serres appelait la luzerne la merveille du ménage des champs. En effet, il n’est pas rare qu’elle fournisse dans les climats méridionaux, qui lui conviennent particulièrement, lorsqu’on peut l’arroser, jusqu’à 5 et 6 coupes. — Duhamel rapporte qu’un arpent de luzerne lui avait donné, sur un sol assez médiocre, 20,000 livres de fourrage sec. Cependant, terme moyen, on ne doit compter que sur trois coupes que Gilbert évalue, d’après un grand nombre d’observations, à 2,519 livres la première, 1400 la seconde, 685 la dernière ; en tout 4,680 livres par arpent de Paris. — Cette quantité peut être très-habituellement augmentée à l’aide de quelques avances d’engrais et de plâtrage.

Il a été parlé ailleurs (Voy. le chap. X) des avantages et Fig. 689. des inconvéniens faciles à éviter de la luzerne dans ses rapports avec les autres cultures économiques et notamment celle des grains.

La Luzerne faucille (Medicago Falcata, Lin), (fig. 689), vivace, a 3 caractères principaux qui la distinguent de l’espèce cultivée : d’une part la forme de ses gousses comprimées, oblongues et courbées en forme de faucille ; — de l’autre la couleur