Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/557

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à l’Orobanche, la Clandestine et la Cuscute ; encore, les deux premiers genres, auxquels on peut disputer le nom de vraies parasites, ne se subdivisent qu’en un petit nombre d’espèces rarement assez fécondes pour causer de grandes dommages dans les prairies.

L’Orobanche commune (Orobanche vulgaris, Lim.) et l’O. majeure (O. major, Lin) croissent cependant très-communément dans les terrains secs où dominent les légumineuses. Au dire de M. de Candolle, la première nuit sensiblement en Italie à la culture des fèves. Toutes deux attachent une ou quelques-unes seulement de leurs racines sur celles des ajoncs, des genêts et de divers autres arbustes de la même famille, dont elles causent parfois la mort. — L’Orobanche rameuse (O. ramosa, Lin.) vient dans les blés et la plupart des lieux cultivés. C’est elle, dit Bosc, qui cause souvent de si grandes pertes dans les récoltes de chanvre, sur les racines duquel elle aime principalement à croître, et dont elle fait immanquablement périr la tige. On a vu des propriétaires être forcés d’interrompre la culture de leurs chènevières pendant plusieurs années consécutives pour s’en débarrasser, et encore ne pas complètement réussir. En effet, les graines des orobanches subsistent long-temps dans la terre sans germer lorsqu’elles sont enterrées profondément, ou peut-être seulement lorsqu’elles ne trouvent pas une racine sur laquelle elles puissent s’implanter. Un cultivateur soigneux doit donc arracher avant la maturité des graines tous les pieds qu’il trouve dans les champs lorsqu’il y en a peu ; et, lorsqu’il y en a beaucoup, le meilleur moyen est de substituer, pendant plusieurs années, au blé, au chanvre, etc., des cultures de pommes-de terre, de haricots, de maïs et autres plantes qui demandent pendant l’été des binages qui détruisent immanquablement les pieds d’orobanche avant la maturité de leurs graines.

Les Clandestines (Lathreœ clandestina et squammaria, Lin.) viennent surtout dans les lieux frais et dans le voisinage des arbres, au milieu de mousses dont la présence est beaucoup plus nuisible que la leur.

Quant à la Cuscute (Cuscuta), appelée teigne, rache, perruque par les cultivateurs, c’est une plante filiforme de la famille des Convolvulacées, dont les graines germent en terre, et dont les tiges, dépourvues de feuilles, s’élèvent sans appui jusqu’à ce qu’elles aient pu rencontrer les végétaux auxquels elles s’accrochent au moyen de suçoirs, et dont elles tirent plus tard toute leur nourriture ; on la trouve surtout dans les prairies naturelles et artificielles, dans les champs de lin, de houblon, et parfois de blé. Du pied sur lequel elle s’est fixée, elle étend ses rameaux comme autant de greffes sur ceux du voisinage, de sorte que dans le cours de quelques mois, un seul individu peut envahir un espace considérable et faire périr toutes les herbes qui le couvrent. Lorsque la cuscute se développe sur des plantes annuelles, on doit se hâter de les arracher et de les brûler ; plus tôt on fera cette opération, moins on verra s’étendre les ravages, et plus on sera certain d’avoir devancé le moment de la floraison qui a lieu dans le courant de l’été. Lorsque ce sont des plantes vivaces qui en sont attaquées, des luzernes, par exemple, on les coupe entre deux terres pour les brûler ensuite de la même manière. A la place des pieds qui ont été ainsi mutilés, quoiqu’ils repoussent quelquefois, si on en a coupé un certain nombre, il sera bon, pour utiliser les vides, de semer de préférence du sainfoin, parce qu’il est de toutes les plantes légumineuses la moins attaquable par la cuscute. On a recommandé aussi de détruire cette parasite par le feu, à l’aide de la paille que l’on étend sur les places qui en sont infestées, et on a éprouvé que ce moyen, très-efficace en lui même, ne laissait cependant aucune trace sur les luzernes, dont les longues racines se développent peu de temps après en nouvelles tiges exemples de toute contagion. O.-L-T
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Art. iii. — Plantes nuisibles aux cultures économiques, industrielles et forestières.

Chaque plante ayant son organisation individuelle et son mode de vivre à part, a aussi ses ennemis particuliers et ses maladies spéciales ; c’est assez dire que nous n’aurons que fort peu de généralités à donner à cet égard pour les cultures économiques, industrielles et forestières, qui réclament de notre part des articles isolés, dans lesquels ces notions seront beaucoup mieux placées qu’ici, et auxquels, par ce motif, nous renvoyons nos lecteurs. Mentionnons simplement quelques plantes parasites très-nuisibles à un grand nombre d’arbres. En tête nous devons placer les Lichens, les Mousses, les Hépatiques, qui naissent assez indifféremment sur les écorces de tous les arbres, et même sur les rochers et les bois morts. Ces végétaux sont nuisibles en maintenant, par leur ombre et leur abri, de l’humidité à la surface de l’écorce, en servant d’habitation aux insectes qui s’y cachent et y déposent leurs œufs, en augmentant les gerçures et les fentes de l’écorce où elles s’implantent, et par suite en hâtant sa destruction. Les cultivateurs savent qu’on les détruit assez facilement, soit en les raclant à l’aide de couteaux émoussés et de brosses, soit par un lavage à l’eau de chaux, pourvu que leur développement ne soit pas encore très-grand ; ce dernier moyen a l’avantage de détruire en même temps les insectes, leurs larves et la plupart de leurs œufs.

Le Lierre commun (Herdera hélix) agit d’une façon analogue, mais sur de bien plus grandes proportions, et nuit beaucoup aux arbres en les serrant à la manière de liens très-forts, et en implantant dans les crevasses des écorces ses nombreux crampons. Il est facile d’enlever les lierres ou du moins d’en arracher les pieds au bas des arbres, avant qu’ils aient atteint de grandes dimensions.

Le Gui (Viscum) est une véritable parasite qui se multiplie en abondance et nuit beaucoup à plusieurs de nos arbres les plus utiles. Ses graines, entourées d’une matière gluante, se fixent facilement sur tous les corps, notamment sur les branches, et y germent bientôt ; la racine, qui périt promptement si elle se trouve sur un corps brut ou mort quelcon-