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liv. ii.
CULT. INDUSTRIELLES : DES ARBRES ET ARBUSTES OLÉAGINEUX.

Lorsque l’olivier est atteint par la gelée, ou l’arbre entier (nous voulons dire le tronc et les branches) a été frappé de mort, ou seulement ses branches et ses rameaux ont été victimes de l’intempérie. L’observation a, en général, appris que les vieux oliviers résistaient mieux au froid que ceux qui sont plus jeunes. Ainsi M. Raibaud-l’Ange (Notice sur les oliviers frappes de la gelée, etc., Ann. de l’ Agr. franc., 2e série, T. 22) dit que dans un verger de ces arbres (à Digne, Basses-Alpes), dont 76 âgés d’environ 80 ans, et les autres de 25 ou au-dessous, tous ayant été atteints par la gelée de 1820, aucun des premiers n’a péri, tandis qu’il est mort 3 des derniers. Pour réparer le dommage, les branches mortes de tous ces arbres furent coupées à quelque distance du haut du tronc, selon qu’elles paraissaient encore saines. Ces mêmes oliviers furent d’ailleurs cultivés avec soin ; on ne leur épargna ni les labours, ni les engrais ; on eut soin d’arracher les rejetons qui se développèrent à leur pied ou au bas des branches. Par ce moyen, le dégât fut en partie réparé trois ans après, puisqu’en 1822 la récolte faite sur ces arbres a été environ du quart de ce qu’elle produisait avant le froid. Ce qui prouve encore que les vieux oliviers supportent mieux les grandes gelées, c’est que celui d’Hyères, de madame de Beauregard, cité plus haut, porte des traces indiquant qu’il a été rabattu 3 et même 4 fois sur ses maîtresses branches.

Lorsque le tronc même des oliviers a été frappé par la gelée, il faut le couper rez-terre, et comme presque jamais les racines n’ont été atteintes, on voit bientôt repousser, tout autour de la souche, de nombreux rejets, dont on conserve les plus beaux, 2 à 4, et même plus si l’on veut, pour former de nouveaux arbres ; les autres sont arrachés pour être transplantés ailleurs. Ces rejets poussent avec beaucoup de vigueur, et il ne leur faut que 6 à 7 ans pour rapporter des fruits de nouveau. M. Robert m’écrivait, en mars 1834, qu’il venait de mesurer de ces oliviers repoussés sur souche depuis la gelée de janvier 1820, qui avaient 20 pouces de circonférence à leur base. En général, beaucoup de propriétaires se pressent trop après les fortes gelées d’arracher leurs oliviers qui eu ont été frappés. M. Raibaud-l’Ange dit qu’après le froid de 1709, qui fit périr un si grand nombre de ces arbres dans le midi de la France, un agriculteur de Toulon conserva beaucoup des siens, par les soins qu’il leur donna, tandis que ses voisins perdirent tous les leurs. Le fait est consigné dans les archives de la ville.

Outre le froid, qui est contraire aux oliviers, et qui trop souvent, dans nos départemens du Midi, leur devient funeste, les cultivateurs ont encore à craindre les ravages de certains insectes. M. Bernard a fait connaître en détail, dans son Mémoire déjà cité, toutes les espèces qui attaquent ces arbres ; nous allons les énumérer brièvement. La larve du Scarabée moine, et celle du Bostriche oléiperde, que M. Bernard nomme Scarabée de l’olivier, sont peu à craindre parce qu’elles ne vivent que sous l’écorce des branches mortes et languissantes. Le Bostriche de l’olivier, désigné par M. Bernard Sons le nom de vrillette, peut produire plus de dommage, parce que sa larve se nourrit aux dépens de l’aubier. La Psylle vit aux aisselles des feuilles et nuit principalement au développement des fleurs. Mais les dommages causés aux oliviers le sont principalement par la Cochenille adonide, la Chenille mineuse et la Mouche de l’olivier. La première, connue vulgairement sous le nom de Pou de l’olivier, s’attache à la partie inférieure des feuilles et aux pousses les plus tendres, ce qui produit une extravasation de sève très-préjudiciable aux arbres. La Chenille mineuse vit dans l’intérieur des feuilles et des bourgeons naissans ; elle fait beaucoup de mal en détruisant les jeunes pousses et en même temps l’espoir des boutons à fleurs. La mouche de l’olivier attaque l’olive elle-même peu de temps avant qu’elle soit parvenue à sa maturité ; elle dépose dans son intérieur un œuf, dont nait bientôt une larve qui se nourrit de la pulpe.

Aucun des moyens proposés jusqu’à présent pour remédier aux ravages de ces différens insectes n’ont pu avoir un succès réel ; les fumigations et les aspersions de diverses substances sont en général longues et dispendieuses à pratiquer, sans remédier complètement au mal, et M. Bernard croit que la chose la plus raisonnable qu’on ait prescrite est d’émonder les arbres tous les ans, de les débarrasser soigneusement des branches qui sont couvertes d’insectes, et de livrer ces branches aux flammes. Un autre moyen, pour s’opposer en général à la propagation des insectes, consiste à favoriser celle des petites espèces d’oiseaux insectivores.

Section ii. — Du Noyer.
§ Ier. — Espèces et variétés de noyers.

Les noyers sont de grands arbres à feuilles ailées, dont les fleurs femelles sont terminales, solitaires ou réunies plusieurs ensemble, tandis que les mâles forment des chatons alongés ; leur fruit est un drupe charnu, contenant une noix monosperme et à deux valves. Ils appartiennent à la grande famille des Amentacées, et M. De Candolle en fait le type d’une famille particulière à laquelle il donne le nom de Juglandées.

Il est question des noyers exotiques dans la partie forestière de cet ouvrage (V. le tome IV) ; mais on va traiter ici du noyer commun, arbre d’un intérêt assez majeur pour la France, sous le double rapport du produit que fournissent ses fruits oléagineux, et de celui qu’on retire de l’exploitation de son bois.

Le Noyer commun (Juglans regia, L. ; en angl. common walnut ; en ital. Noce commune ; en a[l. gemeineWalnuss, fig. 66) est un arbre de première grandeur, dont les branches forment une tête étalée et touffue ; ses feuilles sont grandes, composées de 7 à 9 folioles ; aux fleurs femelles succèdent des fruits ovoïdes ou globuleux, enveloppés d’une pulpe nommée brou, renfermant une noix à deux coques ligneuses, contenant une