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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES OLEAGINEUSES.

Chapitre Premier. — des plantes oléagineuses et de leur culture spéciale.

En nous conformant au plan de cet ouvrage, nous avons dû nous borner dans ce chapitre, auquel l’article Assolement doit servir de complément comme à la plupart des autres, à traiter des cultures oléagineuses proprement dites, sans nous occuper de l’extraction, ni même, à proprement parler, de l’emploi des diverses huiles végétales. C’est ainsi que nous renverrons le lecteur, pour le Lin et le Chanvre, au chapitre des Plantes filamenteuses ; — pour la Gaude, à celui des Plantes tinctoriales ; — pour les Courges, aux Végétaux fourragers ; et que nous ne citerons ici que pour mémoire : l’Olivier, le Noyer, le Hêtre, le Prunier briançonnais, l’Amandier, le Noisetier, la Vigne, les Pins, etc., dont il sera parlé plus tard dans la division de ce livre consacrée aux Arbustes et Arbres.


[1.1]

Section Ire. — Du colza.

Le Colza (en anglais, Rape ou Cole-seea ; en allemand, Raps ; en italien Colza) (fig. 1),

est une plante de la famille des Crucifères, du genre Brassica et du groupe des Choux (Brassica oleracea). Elle a été désignée par les botanistes sous le nom de Brassica oleracea campestris. — Il en existe deux variétés principales : l’une d’hiver, l’autre de printemps.

Le colza ou colsa, que l’on confond encore dans quelques lieux avec la Navette, a les feuilles lisses et d’un vert glauque, les aspérités et les poils épars qu’elles présentent dans leur jeunesse disparaissant plus tard ; les radicales sont pétiolées et légèrement découpées, et les caulinaires sont entières, sessiles et cordiformes.

La variété que l’on cultive le plus communément, est connue en Flandre sous le nom de colza froid, désignation qui correspond presque partout à celle de colza d’hiver. — Elle a les fleurs ordinairement jaunes ; — ses tiges sont plus branchues, plus élevées ; — ses siliques, par conséquent, plus nombreuses ; — ses feuilles à la fois plus épaisses et plus larges que celles du colza de mars ou de printemps, dont le principal mérite consiste dans sa précocité. — Le colza d’hiver occupe le sol du commencement d’un été à l’autre ; — celui de mars, au contraire, semé au printemps, mûrit ses graines dans le même été, particularité assez remarquable dans un Chou.

La production du colza en France est loin d’équivaloir, dans la plupart des années, à la consommation qu’on fait de ses graines ; aussi pensons-nous que sa culture est une de celles qu’il importe le plus de répandre, tant à cause des bénéfices qu’elle peut présenter, que parce qu’elle se combine fort bien avec les meilleurs systèmes d’assolement. Cette plante ne donne pas seulement une huile que la Flandre et la Belgique fournissaient naguère, presque sans rivalité, à Paris et au reste de la France ; — on la cultive aussi, comme nous le verrons ailleurs, pour fourrage ; — les tourteaux ou le marc qu’on obtient du résidu de ses graines, procurent une excellente nourriture aux animaux de la race bovine, et un engrais puissant pour les terres ; — ses tiges sèches peuvent être utilisées à défaut d’autres litières ; — enfin, on les emploie pour chauffer le four. Comme toutes les plantes à graines abondantes, qui mûrissent entièrement sur le sol, le colza, malgré les opinions contraires qui ont été émises récemment, doit être considéré comme une culture épuisante.

Ainsi que les autres Choux, il aime une terre franche, substantielle, suffisamment ameublie et richement fumée. Cependant il peut donner des produits avantageux en des circonstances moins favorables, et nous nous croyons fondés à croire, d’après des observations réitérées, qu’il réussit sur des sols plus variés et de bien moindre qualité qu’on ne le croit généralement.

Le colza d’automne, qui est facilement détruit par l’hiver dans les localités humides ou mal égouttées, résiste, au contraire, à de fortes gelées sur les terrains qui ne retiennent pas l’eau. Cette circonstance explique pourquoi, dans le Nord, ses récoltes sont parfois, sinon plus belles, au moins plus assurées sur les terres médiocres, naturellement sèches, que sur des terres plus substantielles et plus fécondes ; et de là vient sans doute que, dans plusieurs parties de la Flandre, on ne craint pas de confier cette variété à des sols légers, crayeux ou graveleux, tandis qu’on choisit rigoureusement la variété de printemps pour les terrains de meilleure qualité.

On cultive en grand le colza par le moyen des semis a demeure ou de la transplantation.