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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES OLEAGINEUSES.

Quoique le semis en lignes espacées de 18 pouces au plus (environ 50 cent.) ait un avantage marqué sous le rapport de la facilité et de l’accélération des façons, ce n’est cependant pas le meilleur mode dans tous les cas. M. de Dombasle a judicieusement fait remarquer que si le terrain n’est pas riche, les plants se trouvent trop écartés pour garnir suffisamment le sol et donner une pleine récolte ; il conseille donc de préférence dans ce cas le semis à la volée. Mais, pour approprier à celui-ci une partie des avantages que procurent les instrumens à sarcler, il a pratiqué une méthode que nous avons vue aussi mettre en usage avec beaucoup de succès par feu M. Nic. Demars, excellent cultivateur des environs de Paris. Le champ étant couvert de son plant et celui-ci assez fort pour devoir être éclairci, on y fait passer un extirpateur auquel on n’a laissé que ses pieds de derrière, écartés plus ou moins, selon que l’on veut détruire une plus ou moins grande proportion du plant. Ce travail doit se faire en lignes aussi directes que possible et également espacées. Les socs ayant coupé tout ce qui se trouvait devant eux, le champ se trouve, après l’opération, disposé par petites bandes alternativement vides et pleines ; on n’a plus ensuite qu’à éclaircir sur ces derniers s’il y a du trop. Les binages subséquens se donnent à la main, mais ils sont plus faciles que dans la culture ordinaire à la volée. M. de Dombasle emploie pour cette méthode 10 litres de graines à l’hectare.

Des semis en pépinière. — Le colza que l’on destine à la transplantation doit être semé dans le courant de juillet, afin que les jeunes plantes acquièrent le plus de force possible ayant de sortir de la pépinière. — Par la même raison, il ne faut pas semer trop dru afin d’éviter l’étiolement. Les Flamands emploient un quart seulement de semence en plus dans ce cas que pour un semis à demeure ; encore jugent-ils presque toujours nécessaire d’éclaircir lorsque les tiges ont atteint un certain développement. — Un plant bien conditionné, lorsqu’il présente déjà à sa base 15 à 18 lignes (0m,033 à 0m,040) de tour, ne doit pas avoir plus de 8 à 10 po. (0m216 à 0m270) de hauteur. On sème le colza en pépinière, soit à la volée, soit en rayons espacés de 9 pouces les uns des autres, de manière qu’en enlevant une ligne entre deux, pour subvenir aux besoins de la transplantation, et en éclaircissant celles qui restent, on puisse les conserver et les traiter ultérieurement comme tout autre semis en rayons.

§ II.— De la transplantation.

Quoiqu’à la rigueur la transplantation du colza puisse avoir lieu jusqu’en octobre, il est toujours préférable de le faire dans le courant de septembre, parce que, mieux et depuis plus long-temps le plant est enraciné aux approches des gelées, moins il doit être endommagé par leurs effets. La plantation petit s’opérer de plusieurs manières.

Au plantoir : En Belgique, dès que les récoltes de froment ou d’avoine, auxquelles succède le plus souvent le colza, ont été enlevées, on déchaume à l’extirpateur ou à la charrue. — Quelque temps après on étend le fumier ; — on l’enterre par un second labour ; — on herse une ou deux fois ; — puis on donne un dernier labour de 8 à 10 pouces (0m216 à 0m270) de profondeur qui divise le terrain en planches d’environ 3 mètres de largeur ; — on égalise, s’il y a lieu, le sol au moyen de la herse renversée ou du rouleau, et on commence immédiatement la plantation. — Pour cela, que l’on fasse ou non usage du rayonneur, un homme ouvre au plantoir des trous distans de 11 à 12 po.(0m297 à 0m324) sur la même ligne ; enfin, des enfans ou des femmes, qui le suivent, déposent un pied de colza dans chacun de ces trous et compriment la terre avec le pied autour des racines.

La distance des Lignes de plantation varie de 12 à 16 et 18 po. (0m324 à 0m487) selon que les binages devront avoir lieu ultérieurement à la binette ou à la houe-à-cheval. — Presque partout, vers la mi-novembre, on creuse le sillon de séparation des planches, et on jette la terre qui provient de ce travail entre les plants pour les chausser.

La transplantation à la pioche diffère peu de celle-ci ; seulement, au lieu d’ouvrir les trous au plantoir, chaque ouvrier, armé d’une pioche ou d’un boyau léger, le fait pénétrer dans le sol à l’endroit où doit se trouver un pied de colza. — En appuyant légèrement sur lemanche, il opère, le long du fer, un vide destiné à recevoir une des jeunes plantes dont son tablier est en partie rempli, et, lorsque ce plant a été placé à la profondeur voulue, avant de s’en dessaisir de la main gauche, de la droite il retire la pioche et affermit le sol à l’aide de la douille de l’instrument. Par ce moyen, qui exige à la vérité quelque habitude, mais qui devient fort expéditif sitôt qu’elle est acquise, les ouvriers marchent de front et laissent derrière eux un travail achevé.

La plantation à la charrue, de toutes la plus prompte, mais aussi dans la plupart des cas ta moins parfaite, est cependant assez souvent employée faute de bras. — Elle est fort simple : des femmes placent les plants dans la raie ouverte, en les appuyant contre la terre retournée, elle trait suivant les recouvre. — On conçoit qu’un pareil travail ne peut être bon que lorsque la terre est suffisamment pulvérisée pour se tasser naturellement autour des racines.

Sur des sols d’une fertilité moyenne on peut sans crainte planter dans toutes les raies, de sorte que les lignes se trouvent distantes de 9 à 10 po. (0m143 à 0m270). — Dans les terrains d’une richesse très-grande, il serait préférable de ne planter que de deux raies l’une, afin que les plantes destinées à devenir larges et fortes aient suffisamment d’air et d’espace.

Les pièces plantées doivent, de même que celles semées en place, être binées ou rechaussées au moins une fois vers la fin de l’hiver.

Art. ii. — Du colza de printemps.

Le colza de printemps, comme toutes les plantes dont la végétation est en quelque