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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/25

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moutarde. C’est principalement sous ce dernier point de vue qu’on peut essayer profitablement leur culture.

Indépendamment des 2 espèces que nous venons d’indiquer, il en existe une 3e, la Moutarde sauvage ou Sanve (Sinapis arvensis ; angl. Charlock ; all. Wilder senf ; it. Senape selvaggio), qui se multiplie naturellement dans les champs, au point de causer parfois le plus grand dommage aux récoltes. — Ses graines sont cotées sur les mercuriales de divers marchés, bien qu’elles ne soient estimées ni par les huiliers ni par les vinaigriers. Elles se consomment en assez grande quantité à Paris pour la nourriture des oiseaux, et servent trop souvent à frauder les graines de moutarde noire.

[1.6]

Section VI. — De la Julienne.

La Julienne fait partie du genre Hesperis et de la famille des Crucifères. L’espèce qu’on cultive pour l’ornement des jardins (Hesperis matronalis ; angl. Rocket ; all. Frauennacht viole ; ital. Giuliana) (fig. 7), est la même que


celle qu’on a cherché à propager pour en extraire de l’huile ; mais, malgré l’importance qu’on lui a donnée sous ce rapport dans divers écrits, il semble désormais démontré par les faits que si sa culture a pu quelquefois donner en petit de belles espérances, elle est loin d’atteindre, en grand, les résultats avantageux qu’on avait annoncés. — Presque partout, à la suite d’essais plus ou moins répétés, elle a été abandonnée, et nous devons dire que nos observations personnelles sont d’accord avec ce résultat.

Cette plante étant ordinairement vivace, afin de lui faire occuper le sol le moins longtemps possible, on doit la semer en automne. — Elle réussit aussi au printemps, mais elle ne monte pas dans la même année. — Nous avons été à même d’observer qu’elle se ressème d’elle-même à la fin de juin, et que le plant qui naît à cette époque est fort beau.

Si l’on voulait encore tenter la culture de la Julienne sur une certaine échelle, nous conseillerions de recourir aux semis en rayons.

Sur 40 ares de bonne terre bien nettoyée, labourée et fumée, M. Gaujac a obtenu 770 kilogrammes de graines qui n’ont donné que 140 kilog. d’huile.

[1.7]

Section VII. — Du Radis oléifère.

Le Radis oléifère ou Raifort de la Chine (Raphanus sativus oleifer ; angl. Oil radish ; all. Oel rettig ; it. Rape oleifero) est encore une plante de la famille des Crucifères.

Ce radis, comme la julienne, a été fort vanté dans divers écrits, notamment pour la culture du midi, et pourtant nous ne croyons pas qu’il ait survécu, dans la pratique, à une vogue passagère. — Si l’abondance de ses siliques avait d’abord pu séduire, on s’est bientôt aperçu qu’elles ne contenaient souvent que très-peu de bonnes graines, cas fort ordinaire dans tous les raiforts. — Ces graines sont d’ailleurs d’une extraction beaucoup plus difficile que celles du colza, et la plante semble redouter davantage encore les atteintes de l’altise.

D’un autre côté, l’huile qu’on en obtient, et qui devait, disait-on, remplacer celle d’olive, d’après les expériences directes de l’un de nous (M. Vilmorin), est âcre et à peine mangeable.

Dans le midi de la France, il faudrait semer le radis oléifère assez clair, en septembre, dans une terre franche, plutôt humide que sèche, et d’une certaine profondeur. — La récolte peut avoir lieu souvent dès la fin de mai. — Vers le Nord, les grands froids étant à redouter, il est nécessaire de ne semer qu’au printemps, quoiqu’alors on doive s’attendre a un moindre produit.

Dans tous les cas il est utile de sarcler, de biner et d’éclaircir, de manière que les plantes laissées sur le sol se trouvent à environ 1 pied (0m325) les unes des autres.

[1.8]

Section VIII. — Du Cresson alénois.

Ajoutons, pour terminer ce que nous avons à dire des plantes oléagineuses de cette famille, qu’en Allemagne Schubler a retiré en petit des graines du Cresson des jardins (Lepidium sativum ; angl. Common cress ; all. Kresse ; it. Crescione alenois) une huile bien plus abondante que des graines du colza, puisqu’elle a fourni au-delà de 50 p. 100.

Malheureusement, même en admettant un résultat si remarquable, nous devrions encore prévenir nos lecteurs que le cresson alénois craint singulièrement le ravage de l’altise, et que, de toutes les plantes cultivées pour leurs graines, c’est peut-être une de celles qui épuisent davantage le sol.

[1.9]

Section IX. — Du pavot.

Le Pavot, Œillette ou Oliette, plante de la famille des Papavéracées, à laquelle il a