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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : DES PLANTES OLÉAGINEUSES.


beaucoup de jardins, une race d’Hélianthe (Hel. ann. nanus ; angl. Dwarf sunflower ; it. Gir ou Sole nano), qui se distingue principalement de l’espèce ordinaire par sa taille peu élevée et ses moindres dimensions en tous sens. Rarement dans sa croissance elle dépasse 18 po. (0m487). Cependant sa fécondité est tout aussi remarquable, et, comme on peut la planter 3 ou 4 fois plus épais dans le même terrain, on doit croire qu’on en obtiendrait, en grand, des produits plus considérables.

Les graines d’Hélianthe contiennent en abondance une huile douce et de saveur agréable, également bonne à manger et à brûler ; — elles sont en outre pour les volailles une excellente nourriture ; — en Portugal, on en fait même du pain et une espèce de gruau, et , en Amérique, on les fait brûler et on les emploie comme le café. — Les feuilles, vertes ou sèches, produisent un excellent fourrage pour les vaches, et, chose importante, leur abondance est telle qu’on peut en supprimer une partie avant la maturité des graines, sans nuire sensiblement à leur production ; enfin, les tiges, soit qu’on les brûle comme chauffage ou pour en extraire la potasse, soit qu’on les destine à servir de tuteurs dans les jardins potagers, présentent encore d’utiles produits.

Malheureusement, à côté de ces avantages se trouvent d’assez graves inconvéniens : le soleil ne prospère que sur de bons fonds, en des terres abondamment fumées, et il les effrite tellement qu’on a pu le considérer comme une des plantes les plus épuisantes ; — les oiseaux sont tellement avides de ses graines qu’ils les détruisent en partie avant l’époque de la complète maturité ; — enfin, l’huile dont ces mêmes graines abondent est en grande partie absorbée, lors de l’extraction, par l’écorce épaisse qui les recouvre et dont on ne connaît jusqu’ici aucun moyen de les débarrasser. — Cette absorption est si grande que, d’après les expériences de M. Gaujac, tandis que 960 kilogrammes de graines de colza ont donné 380 kilogrammes d’huile, 800 kilogrammes de graines de soleil n’en ont produit que 120.

L’hélianthe étant originaire du Pérou, est fort sensible aux gelées de nos climats ; on ne peut donc le semer vers le centre de la France que dans le courant d’avril. — Le semis se fait en place à la volée, ou mieux en ligne, parce qu il est très-utile de pouvoir butter la plante, ce qui s’exécute beaucoup plus économiquement au cultivateur qu’à la binette à main.

Les gelées seules arrêtent la végétation de cette plante, et, à cette époque, il y a déjà long temps que les premières têtes sont mûres. — La récolte ne peut donc se faire que progressivement. — Pour empêcher le pillage des oiseaux, qui sont très avides des graines du tournesol, on pourrait les couper lorsque ces graines commencent à noircir, et les suspendre ensuite dans un lieu aéré ; mais, par ce moyen, il est reconnu que la quantité d’huile est sensiblement moindre.

[1.11]

Section XI. — Du Sésame jugoline.

Le Sésame jugoline (Sesamum orientale ; angl. Oily grain ; all. Sesam ; it. Giuggiolena) est originaire de l’Inde. On le cultive abondamment en Egypte et dans l’Orient, absolument de la même manière que le sorgho. C’est une plante annuelle, de la famille des Bignones, à tiges droites, cylindriques, velues, hautes d’un à deux pieds ; — à feuilles opposées, pétiolées, ovales entières et légèrement velues ; — à fleurs blanches, solitaires sur des pédoncules axillaires et accompagnées de bractées.

Non seulement dans les contrées que nous venons de citer on fait une très-grande consommation de l’huile de Sésame, mais en Italie on cultive aussi cette plante pour ses graines. On les y mange grillées comme celles du maïs, bouillies et assaisonnées comme celles du millet, ou réduites en farine comme celles du sarrazin. — On en retire une huile journellement utilisée pour l’assaisonnement des mets au lieu de beurre.

La culture du Sésame ne serait possible en France que dans nos départemens les plus méridionaux.

[1.12]

Section XII. — Du Ricin.

Le Ricin ou Palma Christi (Ricinus communis ; angl. Palma Christi major ; all. Wunderbaum ; it. Ricino) (fig. 10), est une grande plante originaire

Fig. 10.


d’Asie et d’Afrique, qui appartient à la famille des Euphorbiacées.

Dans son pays natal elle s’élève en arbres de 8 à lO mètres, qui vivent un grand nombre d’années; — sous le climat de la France elle est devenue annuelle; elle s’élève rarement à plus de deux mètres et elle périt à l’approche des premiers froids. Cependant, au