Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
284
liv. iii.
ANIMAUX DOMESTIQUES : CHIRURGIE.

Lorsque, au contraire, la langueur de l’accouchement dépend d’une faiblesse réelle, après en avoir reconnu ou soupçonné la cause on cherche à augmenter l’intensité des efforts, en donnant en breuvage le vin blanc, le cidre, la bière, chauds et aromatisés avec la cannelle ou la muscade (une à deux bouteilles pour la vache et la jument ; un à deux verres pour la truie et la brebis). Si ce moyen est insuffisant, on a recours à des efforts de traction sur le fœtus. Ces tractions, qui doivent toujours être exercées par des hommes adroits, et autant que possible par des vétérinaires, doivent être très-modérées et s’exercer à la fois sur la tète et sur les membres du petit sujet. Elles sont surtout de la plus grande utilité, si la bête est couchée et ne peut se relever, et si l’on craint que la longueur de l’accouchement n’occasionne la mort du fœtus. On y a recours aussi lorsque la difficulté du part dépend de ce que le volume du petit animal excède un peu la capacité du bassin de la mère.

Telles sont les principales circonstances où l’accouchement n’est que difficile ; passons maintenant en revue celles où il est tout à fait impossible qu’il s’effectue sans les secours de l’homme.

§ II. — Part contre nature.

L’accouchement est contre nature lorsqu’il est rendu impossible par l’existence de circonstances physiques, inhérentes au fœtus ou à la mère. De là une division des parts contre nature : 1° en ceux qui sont la suite des mauvaises positions ou de la conformation vicieuse du fœtus ou de ses enveloppes ; 2° et en ceux qui tiennent à des altérations ou autres défauts dans la conformation du bassin de la mère, ou de la matrice.

A. Fausses positions du fœtus.

Nous avons dit quelle était la véritable position naturelle ; il y a quelques autres positions qui, sans offrir autant de facilité pour la parturition, la rendent cependant possible sans trop de travail. Les deux suivantes se trouvent dans cette catégorie.

Les deux membres de derrière se pré­sentent seuls ou avec la queue. Dans le premier cas, l’expulsion éprouve des difficultés, parce que la queue, ordinairement renversée sur la croupe, forme un léger obstacle. Mais lorsqu’elle se trouve pendante entre les fesses, l’accouchement se fait assez facilement ; le bassin seul, par son volume, franchit plus lentement le passage ; mais dès qu’il est sorti, le reste du corps suit rapidement, et l’accouchement se trouve complet. Lorsqu’on voit qu’un fœtus se présente de cette manière, et que la queue ne paraît pas, il est important de chercher à la ramener à sa position naturelle, et de tirer ensuite légèrement sur les deux jambes du petit sujet.

Les jarrets ne présentent que leur pointe. On est parvenu, dans plusieurs cas de ce genre, à opérer l’extraction sans rien changer à la position du fœtus. Néanmoins il convient mieux de chercher à repousser tout le corps du petit sujet dans la matrice, et de ramener ensuite les extrémités des membres de derrière et la queue.

Les autres positions exigent toujours que la partie du fœtus qui se présente soit repoussée dans la matrice, et qu’on cherche à faire sortir en même temps, soit les deux membres de devant et la tête, soit ceux de derrière et la queue. Mais on aura soin, avant de repousser dans la matrice les parties qui se présentent (nous parlons ici des membres ou de la tête), d’y fixer un cordeau à nœud coulant, afin de pouvoir les retrouver quand on en aura besoin. Aux membres le cordeau se fixe dans le pli du paturon, et à la tête on l’attache à l’extrémité de la mâchoire inférieure. On pourrait sans beaucoup d’in­con­vé­nients fixer un seul cordeau aux deux membres de devant ou de derrière, mais il vaut mieux en attacher un à chaque membre, l’opérateur en a plus de liberté pour agir dans la matrice. Ces cordeaux, dont l’extrémité libre reste en dehors de la vulve, sont tenus par des aides.

La croupe se présente seule, et en introduisant la main dans la matrice on ne ramène que la queue du fœtus. Il faut alors chercher à repousser la croupe le plus loin possible, afin de ramener les membres de derrière qui sont fléchis sous le ventre. Cette manœuvre est assez difficile ; aussi ne peut-elle être convenablement exécutée que par un homme très-exercé, et ayant les connaissances nécessaires.

Un membre de derrière se présente seul. Il faut, après y avoir fixé un cordeau, repousser le corps dans la matrice, et chercher l’autre membre et la queue. Alors on fait tirer légèrement sur les deux membres à la fois, et l’accouchement s’effectue facilement.

Les deux membres de devant se présentent, et par l’exploration on remarque que la tête est fléchie sous ces membres, au lieu d’être allongée et placée au-dessus d’eux. On cherche les bouts des mâchoires, et en tirant légèrement on finit par allonger assez la tête, pour qu’elle reprenne sa position naturelle On est quelquefois obligé d’attacher un cordeau à la mâchoire inférieure, pour faire maintenir la tête allongée.

Les deux membres antérieurs se présentent seuls. La tête étant alors renversée, soit sur l’un des côtés de la poitrine, soit en arrière sur le dos, fait que le petit sujet étouffe souvent, dans cette position. Il faut encore, comme il a été dit plus haut, repousser les membres dans la matrice, après y avoir attaché des cordeaux et aller chercher la tête. Mais la difficulté dans les manipulations est telle chez les grandes femelles, qu’on ne peut pas toujours ramener la tête dans sa véritable position, et qu’il ne reste d’autre moyen pour débarrasser la mère que d’arracher le fœtus par morceaux (embryotomie). Il est inutile de dire qu’un vétérinaire doit toujours être appelé dans ces sortes de cas.

Un membre antérieur et la tête se présentent. Il n’y a alors qu’à aller chercher l’autre membre après avoir repoussé ce qui se présentait, pour rendre la position du petit sujet naturelle. La difficulté est plus grande lorsqu’un membre de devant se présente seul, car alors il y a à ramener non-seulement l’autre membre, mais encore la tête, et celle-