Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/338

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
324
liv. iii.
ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE.

La cautérisation peut avoir lieu au moyen d’un caustique ; ( pierre à cautère, sublimé corrosif. — Voyez Médicamens caustiques, page 297), ou d’un fer rouge que l’on plonge à la partie inférieure de l’abcès. Ce dernier moyen convient très-bien pour les abcès froids ; car, tout en donnant issue au pus, il a encore pour résultat une irritation locale qui ranime la vitalité de la partie, et y provoque un travail inflammatoire favorable à la guérison.

La ponction peut être avantageuse pour ouvrir les abcès par congestion ; elle empêche l’introduction de l’air dans le trajet parcouru par l’abcès, et elle permet de n’évacuer que la quantité de pus que l’on juge convenable, et de laisser se refermer l’ouverture, qu’on a dû faire petite, pour répéter l’opération jusqu’à l’entière oblitération du foyer. La ponction se pratique, soit avec un petit bistouri bien aigu, que l’on plonge très-obliquement dans l’épaisseur de la paroi externe du foyer purulent, soit enfin à l’aide d’un petit trocart. — Quel que soit le procédé que l’on ait employé pour ouvrir l’abcès, les pansemens doivent se faire avec l’onguent digestif simple, ou même avec des étoupes sèches dont on recouvre la plaie. Il faut éviter de remplir d’étoupes toute la cavité du foyer, et même d’introduire un corps étranger entre les lèvres d’une ouverture dont l’étendue est suffisante et la situation convenable. Mais lorsque l’ouverture est étroite et située dans des parties épaisses, il faut entretenir les lèvres convenablement écartées au moyen d’une petite mèche d’étoupes, on d’un bourdonnet (étoupe roulée en petit paquet de forme olivaire), qui ne doit être ni trop dur ni trop fort, et qui a pour résultat d’empêcher la cicatrisation trop prompte de l’ouverture, et de faciliter l’écoulement du pus qui se développe. — Les soins de propreté sent surtout nécessaires ; du reste l’abcès ouvert réclame les soins ordinaires des plaies qui suppurent, (Voyez Plaie.)

§ II. — Brûlure.

Accident produit par l’action du feu sur les animaux vivans. Les chats et les chiens, qui vivent sous le toit du maître, sont presque les seuls animaux domestiques qui soient exposés à ce genre d’accident ; cependant les autres animaux peuvent être atteints de brûlures dans les incendies de leur habitation. — Les ravages des brûlures varient avec l’intensité de celles-ci ; une brûlure légère produit seulement une légère inflammation de la peau ; plus forte, l’inflammation s’étend plus profondément, et donne ordinairement lieu à la formation d’ampoules qui soulèvent l’épiderme, se remplissent d’un liquide séreux, et finissent par crever et laisser sous elles une surface ulcérée, dont l’étendue varie avec l’étendue de la brûlure. Plus forte encore, la peau est nécessairement détruite, finit par tomber et par laisser sous elle des plaies plus ou moins profondes, qui ne peuvent guérir que par la suppuration. Dans ce cas, la cicatrice reste toujours visible, et il ne revient jamais de poils sur l’endroit brûlé. Enfin la brûlure peut, lorsqu’elle est très-profonde, donner lieu à la mort complète de la partie sur laquelle le feu a agi.

Traitement. Lorsque la brûlure est légère et superficielle, il convient de chercher à faire avorter l’inflammation, en appliquant pendant longtemps sur la partie, des corps très-froids, tels que la glace, la neige, auxquels on fait succéder l’application de compresses imbibées d’eau de Goulard, que l’on maintient constamment humides. On a vanté les bons effets de la pomme de terre râpée et mêlée avec de l’huile d’olives, ainsi que ceux du coton sec,etc., contre les brûlures légères et récentes.Si,malgré ces moyens, l’inflammation se développe, il faut avoir recours aux cataplasmes émolliens et un peu astringens (nos 3, 33). S’il se forme des ampoules, il faut les crever sans mettre à nu toute la plaie, qui serait vive et douloureuse, et panser avec le cérat ordinaire ou le cérat saturné. Si toute l’épaisseur de la peau a été détruite, la plaie doit nécessairement suppurer ; il faut donc se contenter de calmer l’inflammation et la douleur par l’application de cataplasmes adoucissans (n° 61) ; puis, lorsque l’escarre est tombée, il faut hâter la cicatrisation par des soins de propreté, des pansemens avec l’étoupe sèche ou recouverte d’une légère couche de cérat saturné. Enfin, quand la brûlure est très-étendue, il n’est pas rare que la. fièvre qui se développe entraine la mort de l’animal.

§ III. — Carie.

On nomme ainsi une maladie des os, des ligamens et des cartilages, et qui est à ces parties ce que l’ulcération est aux parties molles. — Pour bien comprendre ce que c’est que la carie des os, il tant savoir que ces parties sont formées de deux substances différentes : l’une vivante, organisée, pourvue de vaisseaux et de nerfs, et composée par l’assemblage d’un grand nombre de cellules, forme pour ainsi dire la trame de l’os ; l’autre, tout à fait inerte, minérale, et formée par du phosphate et du carbonate de chaux, se trouve disséminée dans les cellules de la première, et donne aux os la solidité qui leur est propre. De ces deux parties, c’est celle qui est douée de vie qui peut seule subir les diverses altérations auxquelles les os sont sujets ; mais on comprendra sans peine que son mélange avec une substance non vivante doit apporter à la nature et à l’aspect de la maladie des modifications assez grandes pour la différencier de l’ulcération des parties molles. — Les causes de la carie se rapportent presque toutes aux plaies des os et aux inflammations prolongées des parties molles qui finissent fréquemment par se communiquer aux os, ou par les mettre à nu. — Les symptômes de la carie sont les suivans : il n’y a jamais carie sans plaie des parties molles et sans écoulement de pus ; mais ce pus, au lieu d’être crémeux et de bon aspect, comme celui qui est fourni par les plaies de bonne nature, est sanieux, grisâtre et même noirâtre, quelquefois sanguinolent, d’une odeur infecte et tout à fait caractérisque ; les chairs de la plaie sont boursouflées, blafardes, molles et facilement saignantes. En introduisant une sonde en fer par les ouvertures fistuleuses qui don-