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liv. iii.
ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE.


breux et variés, que je me trouverais entraîné trop loin.

Traitement général des plaies. Nettoyer la surface de la plaie, faire la ligature des vaisseaux ouverts, s’ils sont assez considérables pour que leur lésion fasse craindre une hémorragie fâcheuse, et procéder à la réunion immédiate des bords de la plaie, tels sont les premiers soins à donner. Il s’agit ensuite de surveiller la plaie, et de maintenir l’inflammation dans de justes bornes pour obtenir l’adhésion immédiate, ou pour prévenir une suppuration trop abondante, et faciliter la cicatrisation. Pour parvenir à ce but on recouvre la plaie de plumasseaux, soit secs, soit imbibés d’eau froide ou d’eau légèrement alcoolisée, maintenus par une bande peu serrée, ou par la suture à bourdonnets. On prescrit un régime dont la sévérité est subordonnée à la gravité de la blessure, à la disposition qu’elle parait avoir à s’enflammer, à l’irritabilité du sujet, etc. Si les bords de la plaie deviennent durs, tendus, très-douloureux et très-rouges, il faut les recouvrir de substances émollientes, et même, s’il est besoin, recourir aux saignées. — Quand les bourgeons charnus végètent avec trop de force, s’ils sont pâles et presque insensibles, on les réprime par l’emploi d’un léger caustique (alun calciné, pierre infernale) ; si au contraire ils sont rouges et enflammés, ou combat cette inflammation par les émolliens (nos 3, 6). — Lorsque la plaie devient pâle et blafarde, que les bourgeons sont mous, boursouflés, et que la suppuration acquiert une mauvaise nature, on excite l’inflammation à l’aide de plumasseaux imbibés d’eau-de-vie ou de teinture d’aloès.

Les piqûres qui traversent des tissus peu sensibles ne réclament pas d’autre traitement que les plaies simples ; mais lorsqu’on a à redouter des accidens inflammatoires menacés d’étranglement, en raison de la disposition des tissus lésés, il faut se hâter de débrider les enveloppes fibreuses qui s’opposent au gonflement inflammatoire, puis mettre les animaux à la diète, les saigner, et se comporter ensuite comme ci-dessus.

Les morsures d’animaux venimeux (vipère, etc.) doivent être cautérisées tout de suite avec l’ammoniaque liquide ou le fer brûlant ;on doit ensuite se comporter comme pour les plaies simples.— Enfin les plaies contuses demandent à être débarrassées des corps étrangers qu’elles peuvent receler. On rapproche autant que possible leurs lambeaux ; on panse leur surface avec des substances adoucissantes et narcotiques, et lorsque la suppuration est établie, on réunit les parties qui sont susceptibles de l’être, puis on gouverne la blessure comme une plaie simple.

§ VII.

Je devrais maintenant parler successivement des fistules, des chutes, des renversements, des fractures, des luxations, des hernies, etc. Mais ces affections, généralement graves et difficiles à connaître et à traiter, exigeraient des détails qui m’entraîneraient beaucoup trop loin ; d’ailleurs un propriétaire prudent en confiera toujours le traitement à un vétérinaire expérimenté, et ce n’est pas pour les vétérinaires que j’écris ici.

art. ii. — Maladies particulières aux solipèdes et surtout aux chevaux.

A. Maladies des organes de la digestion.
§ Ier. — Fève (lampas).

On appelle ainsi un gonflement inflammatoire de la membrane fibro-muqueuse qui tapisse la voûte du palais des chevaux. Ce gonflement, qui survient quelquefois chez les jeunes chevaux pendant la durée de la dentition, est très-rare chez les animaux âgés ; lorsqu’il se développe chez ces derniers, il est rarement essentiel, mais presque toujours il forme un des symptômes d’une légère irritation de la membrane muqueuse gastro-intestinale. Cette opinion n’est pas celle des prétendus guérisseurs et des maréchaux de villages, qui, lorsqu’un cheval paraît malade et ne mange pas comme à son ordinaire, ne manquent pas de regarder l’intérieur de la bouche, qui doit être, selon eux, le siège du mal, et d’y chercher le lampas, sans s’inquiéter de l’affection qui cause réellement la diminution de l’appétit. Les mêmes guérisseurs pratiquent dans ce cas une absurde et barbare opération qu’ils appellent ôter la fève, et qui consiste à faire une incision dans le palais, et à porter un fer brûlant dans cette incision.

Si le gonflement du palais est occasionné, ainsi que je l’ai dit, par une légère irritation intestinale, c’est vers celle-ci qu’il faut tourner ses regards : un peu de diète, des boissons adoucissantes, de l’eau blanche et quelques lavemens, en faisant disparaître l’irritation dont il s’agit, ne tardent pas. par suite, à amener la disparition du lampas. Si, au contraire, celui-ci dépend réellement d’une inflammation essentielle de la membrane palatine, et si le gonflement est porté au point de gêner la mastication, il faut essayer d’y porter remède en faisant une saignée au palais. Cette opération doit être faite, non pas avec une corne de chamois ou une tige de fer à pointe mousse, comme cela se pratique encore quelquefois dans les campagnes, mais avec un instrument bien tranchant, par exemple, avec le bistouri à serpette, employé pour l’opération de la queue à l’anglaise.

§ II. — Colique rouge (entérite sur-aigue, colique de sang).

Maladie extrêmement grave, très-fréquente chez les chevaux, qu’elle attaque souvent sans symptômes précurseurs, et qui peut être occasionnée par l’usage de foins ou grains nouveaux, ou mal récoltés, et surtout par l’eau froide et crue, nouvellement tirée du puits, qu’on laisse prendre à discrétion et tout d’un trait aux chevaux qui ont chaud, et dont la sueur a été excitée par une course rapide ou un travail fatigant. — Les symptômes de cette maladie sont des plus alarmants. L’animal s’agite continuellement ; il ne peut plus manger, frappe du pied, gratte le sol, fléchit les genoux comme s’il voulait se coucher sans