Dans une année médiocre, on ne peut guère compter sur une récolte de plus de 12 douzaines de poignées par boisselée cadastrale. — 6 douzaines font une grosse ; ainsi on obtient deux grosses par boisselée, ou environ 30 grosses par hectare — La grosse ne pèse pas dans ce cas plus d’un poids 1/2 ou 19 livres 1/2 ; elle vaut en lin brut, non dépouillé de sa graine, environ 10 fr.
En diminuant le nombre d’animaux de labour, en semant sur un simple hersage comme on le fait ailleurs, et en enterrant le semis à la herse de branchages, on obtiendrait sur les frais une diminution sensible.
Dans les bonnes années, non seulement au lieu de 12 douzaines par boisselée on récolte jusqu’à 18 douzaines, mais la grosse donne plus de filasse en poids. — On trouve alors les résultats suivans :
Pour les lins d’été cultivés dans les îles et vallées de la Loire, l’évaluation est quelquefois fort différente.
La graine valait en 1834 8 à 9 f. Soit 8, le bénéfice se trouverait ainsi porté à 290 fr.
Ce calcul n’est point exagéré. Toutes les terres de la vallée ne sont même pas affermées au taux que j’ai indiqué comme terme moyen ; et le prix de la graine, que la fraude a fait baisser sur le marché, s’est au contraire élevé chez les fermiers, auxquels on s’adresse en confiance, jusqu’à 10 f. et plus ; et pourtant les printemps sont si rarement favorables, elles récoltes nulles ou presque nulles sont devenues si fréquentes depuis un certain nombre d’années, que la culture du lin perd annuellement de son importance, tandis que celle des chanvres, qui exige des pluies moins fréquentes, s’étend dans les mêmes proportions.
Les lins d’été, récoltés ailleurs que dans la vallée, ont une valeur moindre de 3 à 4 f. par grosse. Leur graine s’est élevée par extraordinaire, l’année précédente, jusqu’à 6 f. le décalitre.
Depuis une vingtaine d’années, la culture des lins s’est propagée dans le département de l’Aisne. Là, d’après M. André, qui a publié sur la culture, le travail des lins et la fabrication des toiles, un Mémoire assez étendu dans le n° d’avril 1832 des Annales de l’Agriculture française, dans la crainte de ne pas réussir, beaucoup de cultivateurs n’ensemencent point eux-mêmes la terre destinée à porter le lin ; ils la louent. D’un autre côté, les personnes qui s’occupent du teillage (les liniers exploitans) traitent rarement avec les cultivateurs ; ne faisant valoir que le produit de quelques arpens qui exigent souvent l’emploi de la majeure partie de leur avoir, le manque de récolte leur ferait un tort trop considérable et d’autant plus sensible qu’ils