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liv. iii.
ANIMAUX DOMESTIQUES : PATHOLOGIE.


quelquefois tremblemens partiels des muscles du membre malade. Si la fourbure attaque les extrémités antérieures, les postérieures sont portées en avant et engagées sous le centre de gravité, afin de soulager les membres de devant d’une partie du poids qu’ils doivent soutenir. Lorsque la fourbure attaque les extrémités postérieures, celles-ci sont bien encore portées en avant sous le centre de gravité, afin que l’appui se fasse plus spécialement sur les talons, qui sont les parties du pied les moins endolories ; mais les extrémités de devant se dirigent en arrière, afin de venir au secours de celles de derrière ; de sorte que les quatre pieds semblent converger les uns vers les autres. La marche du cheval fourbu est toujours difficile, et alors l’appui se fait principalement en talon, comme dans le repos ; quand les quatre pieds sont attaqués, l’animal n’ose bouger de place, et il reste presque toujours couché. A ces différens symptômes se joint presque toujours une fièvre générale facilement reconnaissable à la force, la fréquence et la plénitude du pouls, la chaleur de la bouche, la rougeur des yeux, la soif, la perte de l’appétit, la lassitude générale, l’élévation de la température du corps, etc.

La fourbure peut donner lieu à des accidens graves et nombreux. En supposant cette maladie très-intense, le sang qui gorge le tissu réticulaire peut s’échapper des vaisseaux qui le contiennent et former un épanchement entre le sabot et l’os du pied, épanchement qui peut lui-même donner lieu à une désunion assez complète pour faire tomber le sabot et par suite faire mourir l’animal. Si après la formation de cet épanchement l’inflammation se calme, la désunion n’en persiste pas moins ; et alors la corne qui est fournie par le tissu podophylleux (voyez l’article Ferrure), au lieu de se confondre avec celle qui descend du bourrelet, forme à la surface de ce tissu des couches qui augmentent graduellement d’épaisseur, et font éprouver à l’os du pied un mouvement de bascule en arrière, tout en faisant relever le bord inférieur de la muraille en haut et en avant. Comme cette corne de mauvaise nature, qui s’interpose ainsi entre la muraille et l’os du pied, n’est pas homogène, mais qu’elle est au contraire formée de lambeaux, de filamens qui laissent entre eux des aréoles et des porosités, on l’a comparée à la terre préparée par les fourmis pour leur demeure, et l’on a donné à cette affection le nom de fourmillière. De la déviation en arrière de l’os du pied résulte un autre accident : la partie antérieure de la pince de cet os, en s’abaissant, meurtrit les parties vives, porte sur la sole, la pousse et la soulève demi-circulairement, et la rend ainsi bombée de concave qu’elle était. Il en résulte une éminence à laquelle on a donné le nom de croissant.

Traitement. Cette maladie prise à temps résiste rarement à un traitement convenable ; mais quand elle est parvenue à un certain degré, il devient impossible de parer aux désordres. La première chose à faire consiste à déferrer l’animal, et à le placer sur une bonne litière. Si la fourbure est commençante, et surtout si elle est violente, il importé de pratiquer des saignées plus ou moins répétées au cou ; il est encore bon de pratiquer des saignées sur le pied malade, soit en pince, soit sur les parties latérales de la couronne. Immédiatement après ces opérations il faut entourer le pied malade d’un cataplasme astringent (n° 34) que l’on doit maintenir constamment humide. Si le cheval est tellement méchant qu’il ne veuille pas se laisser appliquer de cataplasmes, dit M. Girard, on peut pratiquer à l’endroit où il pose ses pieds, quand il est attaché à l’écurie, un grand trou dans lequel on met de la terre glaise délayée avec du vinaigre ou une solution de sulfate de fer. On laisse séjourner les pieds malades dans la terre détrempée, et l’on ne change le cheval que pour le faire reposer pendant la nuit ; s’il souffre beaucoup, et qu’il ne puisse se coucher, il est inutile de le déranger, et il demeurera les pieds plongés dans la glaise, que l’on entretiendra molle et froide en l’arrosant de temps en temps avec une certaine quantité de la liqueur ci-dessus indiquée, que l’on versera en fomentation sur les parties supérieures. Quelques frictions révulsives faites au-dessus du genou ou du jarret avec l’essence de lavande, des lavemens simples destinés à entretenir la liberté du ventre, et un peu de diète complètent le traitement et suffisent ordinairement pour amener en peu de jours la guérison de la fourbure. Lorsque cette maladie est devenue chronique et qu’il s’est développé une fourmillière et un croissant, il est nécessaire, pour obtenir la guérison, de recourir à des opérations chirurgicales graves et difficiles, dont la description ne peut trouver place ici.

§ III. — Fourchette échauffée.

On donne ce nom à une altération de la fourchette du pied des animaux solipèdes, qui consiste dans le suintement d’une humeur puriforme, noirâtre, qui s’accumule dans le vide de la fourchette, à la suite du séjour des animaux dans des lieux humides et malpropres, surtout dans l’urine et le fumier. On remédie à cet accident en plaçant les animaux dans des lieux secs et propres, en dégageant la fourchette des portions de corne qui retiennent la matière, et en bassinant fréquemment la partie malade avec de l’eau vinaigrée ou chargée d’extrait de Saturne. Ce simple traitement, aidé au besoin de l’application d’un fer à branches raccourcies, suffit ordinairement pour amener la guérison en peu de temps.

§ IV. — Fourchette pourrie.

Cette affection est la suite de la fourchette échauffée, dont elle ne diffère qu’en ce que l’altération est portée à un plus haut degré. L’humeur est devenue sanieuse et fétide, la corne de la fourchette est molle et filandreuse, et cette partie devient le siège d’une démangeaison qui porte l’animal à frapper fréquemment du pied contre terre. Les causes de cette maladie sont identiques à celles de la fourchette échauffée. Le traitement est le même, à cette exception près qu’il réclame des soins plus assidus et plus longs. On peut avec avantage garantir la fourchette de l’influence