Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec du son ou de la harcel mouillée. Cette nourriture ne convient qu’aux bêtes laitières et à l’engrais. On a remarqué que les pommes de terre crues, traitées ainsi, perdent leurs qualités nuisibles et peuvent être données en grande quantité sans inconvénient. On a essayé de faire également fermenter les foins naturels et artificiels en les entassant avant qu’ils soient complètement secs. Cette opération, connue sous le nom de méthode Klappmayer, et qui produit du foin brun fort bon pour les bêtes à l’engrais, est néanmoins d’une exécution tellement difficile, qu’elle a été presque généralement abandonnée, excepte pour les fourrages grossiers dont elle augmente notablement la qualité. On a soin toutefois, dans ce cas, de ne pas laisser les tas s’échauffer par trop.

R. Sel. Tous les animaux domestiques, mais surtout les ruminans, le recherchent avec avidité. Cette circonstance seule doit déjà prouver qu’il leur est bon. Il favorise la digestion et provoque l’appétit ; il est surtout utile lorsqu’on donne des alimens lourds ou malsains, lorsque l’atmosphère est très-humide, et pour les bêtes à l’engrais. Du reste on ne doit le donner qu’en petite quantité à la fois, surtout aux animaux qui n’y sont pas habitués, et chez lesquels il a, par cette raison, peu d’effets dans les commencemens. Cette dernière circonstance, jointe à la proportion peut-être trop forte de sel employée, expliquerait au besoin le peu de résultats qu’a eu cette substance sur les progrès de l’engraissement, dans une expérience faite à Roville. Quelles qu’en aient été du reste les causes, cet essai isolé, quoique fait avec soin et impartialité, ne peut détruire un principe constaté par l’expérience des siècles chez les nations les plus avancées en agriculture. Le sel est partout considéré comme le préservatif le plus efficace contre la pourriture des moutons et en général contre les maladies provenant de l’atonie des voies digestives.

[7.1.5]

§ V. — Propreté, température, mouvement.

Les autres conditions essentielles pour la bonne tenue des animaux domestiques sont : la propreté, une température convenable et le mouvevement.

Dans l’état de nature, les bêtes prennent soin de s’approprier ; comme elles ne le peuvent dans l’état de domesticité, nous devons y suppléer, si nous voulons les avoir en bonne santé. Nous devons leur procurer chaque jour une couche fraîche et propre, un air pur, et, pour certaines espèces, autant que possible, un pansement journalier de la main, ou des bains de rivière ; pour les bêtes de travail, tous deux à la fois. Le pansement et surtout de fortes frictions, sont particulièrement utiles aux bêtes à l’engrais, en favorisant la formation du tissu graisseux.

La température est aussi très-importante pour la santé des animaux ; en général, une température moyenne est celle qui convient le mieux à toutes nos espèces de bestiaux. Les froids de l’hiver, pourvu que les logemens soient bien garantis, ne leur sont pas nuisibles, mais ce qui leur fait du tort, surtout aux jeunes bêtes, ce sont les automnes et les printemps froids et pluvieux, notamment les transitions brusques de température et les répercussions de transpiration, lorsqu’après une course ou un travail forcé qui les ont mis en nage on les laisse exposés sans les couvrir, au froid, ou à la pluie, ou à des courans d’air. C’est là une des causes les plus fréquentes des maladies parmi les bêtes de travail.

Les jeunes animaux, pour réussir, demandent à être bien garantis du froid. Les logemens où on les tient doivent, par cette raison, être parfaitement clos. La plupart des bêtes adultes, tout en supportant de grands froids dehors, veulent néanmoins aussi des habitations chaudes en hiver. La trop grande chaleur, soit dans les logemens, soit dehors, est du reste nuisible à toutes les bêtes. Pendant les jours chauds, on fait pâturer et on fait travailler avant et après la grande chaleur. Afin que les bêtes ne souffrent pas dans les étables, écuries, bergeries, ces lieux doivent être espacés, suffisamment élevés et munis de fenêtres où puissent pénétrer l’air et la lumière. Les bêtes doivent pouvoir s’y coucher la nuit sans être trop serrées, et l’on doit pouvoir aérer sans produire un courant d’air qui peut souvent être nuisible lorsque les bêtes sont en sueur.

L’exercice est indispensable à la santé des bêtes, surtout chez les jeunes animaux. Autrefois, lorsque tout le bétail était nourri au pâturage, il y prenait déjà l’exercice nécessaire. Aujourd’hui qu’une grande partie est nourrie à l’étable, nous devons lui procurer de l’exercice d’une autre manière, soit en le conduisant tous les jours boire à une certaine distance, soit en le tenant pendant une partie de la journée dans une cour, ou mieux encore, comme cela a lieu en Saxe, sur un vaste fumier peu élevé et entouré d’une clôture. Le mouvement est surtout indispensable aux jeunes bêtes que l’on destine au travail, car seul il peut développer la force musculaire et l’énergie.

[7.2]

Section II. — De la multiplication des animaux domestiques.

Chez les animaux domestiques, l’accouplement est à la disposition de l’éleveur. Par ce moyen il peut non-seulement les multiplier, mais encore conserver, ou changer et améliorer les races ou même en créer de nouvelles par des croisemens ou par d’autres moyens. Dans les notions générales sur la reproduction des animaux domestiques, nous considérerons :

1° La race ;

2° L’âge des individus destinés à la propagation ;

3° Les règles à observer pour l’accouplement.

[7.2.1]

§ Ier. — de la race.

Les animaux de la même espèce peuvent différer entre eux d’une manière très-sensible quant à la taille, aux formes, aux qualités, aux dispositions, à l’aptitude à certains genres de service, etc.

Lorsque ces différences sont héréditaires