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ANIMAUX DOMESLIUUES : DES CHEVAUX EF DE LEUR ÉLÈVE.

LIV,. III.

les poitevins ne les valent pas sous les rapportsdes éleveurs de mulets, quisont forcés de se

des formes et du tempérament. Leur char- pente osseuse très développée les rapproche de la race flamande; leur croupe est plate, le flanc un peu long, les Jambes sont garnies d'une énorme quantité de crins, les picds plats et faibles. Si l'on ajoute à ces caractères que les yeux sont pelits, et que la vue se perd souvent par suite des attaques de la fluxion périodique, on ne concevra pas d'abord ce qu'offre d'avantageux une race aussi mal construite et d'un tempérament qui indique autant de mollesse et de nonchalance. Ce n'est pas d'une manière absolue, mais seule- nent d'une manière relative, que cette race doit être jugée; considérée isolément elle devrait être changée; envisagée comme elle doit l'être dans ses rapports avec une in- dustrie fort lucrative pour le Poitou et fort utile à beaucoup d'autres parties de notre pays, la production des mulets, elle doit être conservée à peu près telle qu'elle est, avec ses défauts qui deviennent des qualités.

Les cultivateurs ont reconnu qu'accouplée avec le baudet elle retenait plus sûrement que toute autre race, ce qui pourrait peut- étre dépendre de son tempérament lvmpha- tique. L'expérience leur a prouvé aussi que la mauvaise corne et la mauvaise vue ne se trans- inettaient pas aux mulets, mais que ceux-ci , considération fort importante, héritaient d'une taille et d’un développement qu’on ne peut ob- tenir de jumens plus sveltes et plus énergi- ques.

La race poitevine a sa souche dans les ma- rais des départemens de la Vendée el de la Charente-Inférieure, parmi lesquels on peut citer ceux de Luçon et de La Rochelle, Elle commence à s'élever presque complétement à l'état sauvage, dans des pèturages humides où elle demeure nuit et jour, en hiver comme en élé, circonstances qui lui font acquérir un tempérament très mou; elle se multiplie aussi dans les établissemens situés autour de Niort, de Melle, et dans plusieurs autres par- ties de la plaine du Poitou où l’on se livre à la production des mulets; mais la race n’en vient pas moins originairement des marais qui bordent la mer. Les poulains mâles quit- tent ces lieux humides dans un âge peu avancé; amenés dans le Berry et mème la Beauce, ils gagnent une meilleure constitution que s'ils étaient reslés dans le Bas-Poitou; leur émigration prévient la plupart du temps Jes attaques de la fluxion périodique, et l'on en fait ainsi des chevaux lourds qui convien- nent aux travaux aratoires. Beaucoup de pou- liches abandonnent aussi les marais dans leur première ou leur deuxième année, pour étre transportées dans d’autres parties du Poitou. Les éleveurs de mulets, notamment ceux des Deux-Sèvres, préfèrent les pouliches qui ont uucrobe noire, une forte croupe, lesmembres gros et garnis de longs poils, et qui pro- mettent beaucoup de développement. Les foires les plus renomimées pour la vente des poulams et pouliches de race mu- lassière sont celles de Marans, de Nuallé, de Surgères, de Rochefort, de Pont-l' Abbé, de Saujon, etc.Quoiqueles pouliches s’y trouvent souvent en nombre considérable, la produc- tion de ces femelles ne suffit pas aux besoins


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pourvoir de jumens bretonnes ne valant pas, pour la mulasse, les jumens poilevines.

$ III. Race franc-comioise.

Une autre race à classer avec la poitevine, parmi les gros chevaux communs, est celle qui séleve dans la Franche-Comté. Seu- lement, tandis que les animaux du Poi- tou s'éloignentdes boulonaais par plus de vo- lume et un tempérament plus Iympbatique, les productions de la Franche-Comté en dif- fèrent par d'autres caractères. Leurs formes sont moins massives, la tête est plus prrami- dale; ils ont les éreilles droiïtcs, Pencolure un peu grèle el le poitrail un peu serré pour un cheval de trait, les hanches saillantes et Ja croupe courte. De fa réunion de ces caractères Hd résulte qu'il y à un air de famille entre eux et les chevaux de la Suisse et de beaucoup de parties de FAllemagne. Cela n’a rien d'éton- nant, si l’on réfléchit que le voisinage a dû mêler les races, et que beaucoup de poulains sont achetés en Suisse pour finir de s'élever dans la Franche-Comté, et plus particulière- ment dans le département de la Haute-Saône.

Quoi qu'il en soit de ces migrations des productions de la Suisse dans la Franche- Comité, les poulains mâles de plusieurs parties de ce dernier pays ne restent pas non plus chez les propriétaires qui les ont fait naitre; les départemens du Doubs et du Jura, à quelques exceptions près. commencent l'é- lève, tandis que celui de la Haute - Saône achète les poulains pour les faire travailler. Au moyen de ces méthodes économiques et de son voisinage avec la Suisse, la Fran che-Comté livre au commerce à assez bas prix des chevaux de trait, pour la plupart hon- gres, qu'on voit attelés aux petites voitures comtoises qui traversent la France. Elle four- nit quelques chevaux moins lourds, qui, à dé- faut d'animaux d'autres races, sont employés au service des voitures publiques du sud-est de notrepatrie, Mais il est fort rare que, com- me chevaux de trait, ces productions vaillent celles de la race boulonnaise, et que pour un travail un peu plus rapide elles égalent les chevaux percherons et bretons.

$ IV. Races percheronne et bretonne.

En traitant dans le même paragraphe des races percheronne et bretonne, nous voulons faire voir que beaucoup de ressemblances existent entre elles, sans vouioir affirmer qu'elles puissent être tout-à-fait confondues. Bien qu'elles présentent beaucoup d'analogie que toutes deux conviennent parfaitement au service de nos diligences, que beaucoup de poulains bretons finissent de s'élever dans le Perche, elles présentent quelques dif- férences. Le cheval tout-à-fait percheron a plus de taille; il a la tête moins chargée de ganache el mieux attachée, l’encolure et les Jambes moins garnies de crins, le garrot est mieux sorti, l’épaule plus plate, la crou- pe est moins courte, les jarrets sont clos. et au toial il est moins commun que le cheval breton; ou, pour parler avec plus de précision, que le cheval de trait de la Bretagne, qu s’é- léve dans les parties les mieux cullivées de