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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES.


graine est très-adhérente au duvet : avant de la semer, il faut la bien frotter avec de la terre sèche et tiue pour en séparer ce duvet, afin qu’il n’oppose pas de difficultés à l’ensemencement.

Nous ne déterminerons point l’époque fixe a laquelle on doit semer le coton. La saison la plus propice est celle où l’on n’a plus à craindre les gelées printanières, c’est-à-dire du milieu de mars à la fin d’avril. Le temps le plus favorable à l’ensemencement est celui qui est disposé à la pluie. Il est utile, pour faciliter la germination, de faire tremper pendant 36 heures la graine, soit dans de l’eau de rivière, soit dans une lessive de cendre ou de suie. Après l’ensemencement on aplanit le terrain.

On sème le coton de 3 manières : à la volée, en rayons, ou dans des trous creusés à la surface du sol. La première méthode, ne pouvant mettre d’égales distances entre chaque plant, présente des difficultés pour les travaux subséquens, qu’on doit exécuter avec la houe à cheval. La seconde et la troisième sont meilleures. La semence doit être peu recouverte, surtout lorsque le terrain est humide à l’époque de la semaille.

Pour ensemencer un hectare, en plaçant les graines 4 par 4 dans les trous espacés à 3 pieds les uns des autres, nous estimons qu’il en faut 40 lit., contenant par aperçu 120,000 graines ou environ 30 livres, le litre pesant les 4 cinquièmes d’une livre.

Le coton lève ordinairement au bout de huit jours, et quelquefois plutôt.

§ II. — Soins pendant la végétation.

Dès que les jeunes plantes commencent à sortir de terre, la principale attention est d’extirper les mauvaises herbes, et cela autant de fois qu’elles paraîtront, en rapprochant un peu la terre des pieds du cotonnier pour les soutenir contre les vents, et pour les aider à résister plus facilement à la sécheresse. On ne laisse dans chaque trou qu’un seul pied, et on enlève les autres à l’époque où ils ont au moins 4 feuilles. Si des grames ont manqué quelque part, on les remplace par des pieds enlevés avec précaution dans les trous trop garnis.

L’arrosage est indispensable pour certaines espèces, inutile pour d’autres. Les Maltais prétendent que le coton blanc du Levant, et celui de Siam à couleur rousse, ont besoin d’être arrosés, tandis que celui des Indes peut s’en passer. Les habitans des îles Baléares pratiquent et conseillent l’irrigation. Nous pensons que, sous le climat de la France, on ne doit pas en abuser, surtout si l’on est Elacé près d’une rivière, d’un lac ou sur les ords de la mer. En général, on ne doit l’employer que pour faciliter l’accroissement, car on retarderait la floraison, la fructification et la maturité, si on prolongeait longtemps l’irrigation.

Lorsque le cotonnier est parvenu à la hauteur de 30 centimètres, on doit pincer ou tailler l’extrémité des tiges principales qui monteraient trop, ne donneraient pas de gousses ou n’en donneraient que de tardives. Il ne faut pas pincer ou tailler dans le tendre, mais dans la partie où la tige commence à se durcir. On pince également ou on coupe à leur tour les extrémités des branches latérales, lorsqu’on y voit deux gousses, de manière à obtenir une touffe à la partie supérieure. — On répète cette opération chaque ibis que les pousses se reproduisent. A l’époque où les fruits se disposent à se former, on commence à ébourgeonner. On pratique rarement cette dernière opération sur les espèces qui doivent durer un certain nombre d’années, et cet usage est inconnu en Espagne, où le colonnier vit jusqu’à 10 ans, lorsqu’il n’est pas détruit par les gelées ou par quelque autre accident. Mais il est indispensable d’ébourgeonner l’espèce dite annuelle, et toutes celles qu’on ne veut conserver qu’un an.

§ IV. — Maladies et animaux nuisibles.

Le cotonnier craint les grands vents froids, les sécheresses excessives, les trop fortes pluies, surtout au moment de la floraison.

Cet arbrisseau est aussi attaqué par plusieurs ennemis qui lui font beaucoup de tort : en outre de ceux qui lui sont communs avec beaucoup d’autres plantes, et dont il est traité ailleurs, la chenille à coton est le plus redoutable, d’abord parce qu’elle se jette souvent avec tant de voracité et en telle abondance sur les cotonniers, qu’en 2 ou 3 jours elle les dépouille de toutes leurs feuilles, ensuite parce que, après avoir parcouru en moins d’un mois les différens élats de chenille, de chrysalide et de papillon, elle reparaît sous sa première forme, disposée à faire de nouveaux ravages, qui durent quelquefois 10 mois de suite. Nous faisons observer cependant que c’est dans l’Inde et en Amérique que le cotonnier rencontre ces ennemis : il est probable qu’en Europe et sous notre climat il en trouvera en moindre quantité, et peut-être ceux-là seulement qui attaquent les mauves et les guimauves.

Il y a peu de moyens pour détruire tous ces insectes. Une surveillance excessive, des soins continuels, et quelquefois les secours du ciel, c’est-à-dire les pluies fraîches et abondantes, les nuits froides qui sont suivies de chaleurs excessives, délivrent la culture de quelques-uns de ces fléaux. En France, les vers blancs sont beaucoup à redouter, d’autant plus qu’il n’y a encore aucun remède qui puisse les atteindre. Nous faisons des vœux bien ardens pour que le gouvernement français nous écoute une fois et qu’il ordonne le hannetonnage par commune, en accordant des primes à ceux qui en présenteront à la mairie locale une certaine quantité.

§ V. — Récolte.

Après la floraison des cotonniers, il se forme des gousses en nombre plus ou moins considérable : d’abord elles sont vertes, ensuite elles jaunissent. Lorsqu’elles sont toutà-fait mûres, les valves qui renferment le duvet s’écartent, et laissent échapper le coton en flocons avec les semences qui y sont adhérentes ; c’est alors qu’il faut les cueillir.