Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/518

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puisse accorder. On peut calculer d’après cette base l’étendue que doit avoir la bergerie que l’on veut faire construire ; ou, ce qui revient au même, la quantité que peut contenir une bergerie déjà construite. Examinons maintenant quel doit être l’ameublement d’une bergerie. Dans beaucoup de pays on n’a point encore adopté l’usage des râteliers et des auges pour distribuer aux moutons leur nourriture ; on la pose à terre sur leur fumier humide d’urine et infect : une grande partie est foulée aux pieds, les animaux délicats n’y veulent plus toucher ; la perte est grande quand le fourrage est précieux. Aussi partout où l’on attache du prix au bon entretien des bêtes blanches, les auges et les râteliers sont considérés comme indispensables : leur prix est peu de chose, la façon étant facile et les bois nécessaires de peu de valeur. Les râteliers les plus simples ne sont autre chose qu’une échelle large à barreaux serrés (fig. 213) ; pour s’en servir, on la place verticalement le long d’un mur de la bergerie, le bas en est retenu par des crochets scellés dans le mur, et le haut est soutenu par des cordes dont la longueur est égale à l’ouverture jugée convenable pour le râtelier. Si la largeur de la bergerie le permet, on place au milieu un râtelier double (fig. 291) suspendu par des cordes attachées aux poutres, ou, ce qui est mieux, posé sur des chevalets faisant corps avec lui. Au-dessous des râteliers on met des auges qui peuvent être faites de deux morceaux de volige blanchie cloués l’un au bas de l’autre en forme de V ; on leur donne la longueur des râteliers, et on les soutient sur de petits chevalets. Après les modèles simples, montrons ce que l’on peut faire de mieux quand les troupeaux en valent la peine. A cet effet, nous transcrirons la description de la bergerie de la ferme modèle de Griguon, construite en 1828 par M. Bella. Cette construction (fig. 295) se compose d’abord de

deux rangs de piliers AAAA en maçonnerie brute de 3 mètres 85 centimètres de hauteur chacun, et de 1 mètre 20 centimètres de largeur, dont l’épaisseur est de 0,80 centimètres à la base, et de 50 centimètres au sommet ; ils servent, avec deux rangs de poteaux intermédiaires BBBB assis sur des dés en pierre, à supporter les fermes en charpente. Les espaces de 2 mètres 80 centimètres de largeur restant entre les pilastres, sont remplis, jusqu’à 1 mètre 30 centimètres de hauteur par de petits murs CC, dans lesquels sont pratiquées des portes de 1 mètre 30 centimètres de hauteur ; le reste de la hauteur, jusqu’au sommet des pilastres, est occupé par des sinples châssis de trois pièces de bois brut, croisées à angle droit, et destinées à supporter au besoin des paillassons : les extrémités sont terminées par des murs qui forment pignons. L’ensemble des onze travées construites présente ainsi une longueur de 44 mètres 70 centimètres sur une largeur de 16 mètres dans œuvre, et de 24 mètres d’un bord du toit à l’autre ; deux portes charretières sont pratiquées dans les murs des pignons, pour permettre aux voitures de traverser tout le bâtiment dans la longueur, soit pour rentrer les fourrages secs, soit pour l’enlèvement des fumiers qui peuvent se charger ainsi directement sans avoir besoin de les extraire au dehors à la fourche. Il est évident que l’habile agronome a été guidé par les principes de Daubenton ; c’est pour assurer la salubrité de sa bergerie qu’il en a élevé le plancher au-dessus du sol à 3,33 cent. ; c’est pour y maintenir un air toujours pur et tempéré, qu’il a laissé ouvert l’espace existant entre chaque pilier ; dans