Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/83

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CHAP 7e DE LA. GARANCE. On laboure les plantations d'orangers une fois chaque année, en décembre, janvier et février ; et c’est alors qu’on les fume. Les uns leur donnent des engrais tous les ans, les autres seulement tous les deux ans. Après le labour d’hiver, on pratique un bi- nage par saison, afin de détruire les mau- vaises herbes. A la fin de mai ou dans les premiers jours de juin, selon que la tempe- rature est plus ou moins sèche et chaude, on commence les arrosemens pour les con- tinuer tous les 10 à 15 jours selon la nature du terrain, jusqu’au moment où survien- nent les pluies d'automne. La récolte des fleurs a lieu à partir delà fin de mai, et se prolonge jusqu’en septem- bre ; on doit la iaire tous les jours ou tous les deux jours. On doit aussi avoir soin de recueillir les feuilles,qui sont employées en médecine. LOISELEUR-DESLONGCHAMPS.

CHAPITRE VII. — DES PLANTES TINCTORIALES ET DE LEUR CULTURE SPÉCIALE. Section i’*. — De la Garance. Les anciens connaissaient l'usage de la ga- rance et la cultivaient. Pline nous apprend que c’était une culture réservée aux pauvres, qui en tiraient de grands profits, et que cette racine était employée à la teinture des lai- nes et des cuirs. Dioscoride dit que la ga- rance de Toscane, et principalement celle de Sienne, était renommée, mais qu’on la cultivait aussi dans presque toutes les pro- vinces d’Italie. Cette culture devait être aussi commune dans les Gaules, car les invasions des barbares ne l’avaient pas détruite, lors- que, sous Dagoberl, les marchands étran- gers venaient l’acheter au marché qu’il avait établi à Saint-Denis. La tradition indique, vers le milieu du siècle dernier, l’intmcluc- tionde la garance dans le comtat d’Avignon et la principauté d’Orange (aujourd’hui le départ, de Vaucluse) ; elle est due à un Per- san nommé Althen, venu dans le comial d’Avignon vers l’année 1747, qui essaya sans succès la garance sauvage de cette comrée {Ruina peregrina), mais réussit complète- mentavec de la graine du Levant. Des tenta- tives furent faites aussi dans différentes [)ar- lies de la France. Mais la garance ne s’etail |)as étendue dans d’autres provinces que le Comtat, la partie de la Provence quiavoi- sine la Durance, et TAlsace, jusqu’à ces der- niers temps où le mouvement agricole et commercial, qui a été la suite de la révolu- tion, s’est aussi dirigé vers celte branche de culture La Garance cultivée ( Rubia tinctoria, L. ; en anglais, Madder ; en allemand, Farber- rotlie ; en italien, Rohia ; en espagnol, /ih/v/Vz ) ( /îX’. 42 ) est une plante à racines vivaces et à liges annuelles, de la famille des Ru- biacées. Deux circonstances peuvent fixer une culture dans une contrée, à l’exclusion des autres : la nature d.u climat et celle du sol. Quant au climat, la garance, cultivée en Zélande et à Smyrne, parait eu braver l’elTet ; mais il est telle nature (i(* terrain qui lui convient si spécialement, iju’il aura toujours pour sa production un avantag»^ mar(jué sur ceux qui ont des ([iiartés diffé- rentes. § r’. — Nature des terres à garance. Knlouré de terres d’une nature très -diflt ;- Fig. 42. rente, qui ont toutes été soumises plus ou moins à la culture de la garance, j’ai pu com- parer les frais qu’elles occasionent et leurs produits avec leur nature. Une expérience aussi répétée ne me permet guère de doute à cet égard. Cependant, ne voulant pas me borner à des données vagues et empiriques, j’ai soumis un certain nombre de ces terres à l’analyse chimique et à des expériences physiques, qui m’ont mis à même de définir clairement les qualités que doit avoir une véritable terre ii garance. Parmi ces essais multipliés, j’en choisirai six qui m’ont paru réunir les variétés les plus communes de terre, et que je vais détailler. Ces terres sont : 1° Une terre dite palud, blanchâtre par la sécheresse, noirâtre dans l’humidité, qui fait le fond d’une plaine arrosée parla Sor- gue, et qui a été anciennement submergée par de vastes marécages qui suivaient le cours de cette rivière ; partout où des eaux ont longtemps séjourné, on trouve une terre analogue. Ce bassin du départ, de Vaucluse est bordé par des collines qui contiennent beaucoup de gypse : c’est la terre à garance, par excellence, du département , médiocre terre à blé ; elle contient beaucoup d’humus et de 90 à 93 pour cent de carbonate de chaux ; 2° une terre de dépôts nouveaux, prise vers les bords du Rhône, et produisant aussi