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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/102

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n’a qu’un petit nombre de poulets, et ainsi que cela se pratique quelquefois dans les cam- pagnes, c’est de confier ceux nouvellement nés à un chapon, qui s’affectionne à eux autant que l’aurait pu faire la poule qui leur aurait fait voir le jour. Le chapon conducteur ne le cède en rien en talents et en assiduité à la poule la plus attachée à ses pou-lets et la plus attentive à les soigner. Un seul chapon peut suffire à élever autant de poulets qu’en élèv- eraient 3 ou 4 poules, et en conduit bien 40 à 50. D’ailleurs il reçoit tous ceux dont on veut bien le charger, et il lui est indifférent quel âge ils aient, surtout quand par des leçons on lui a donné une éducation convenable. Lorsqu’on n’a pas de chapon conducteur, il faut préparer aux poulets un nouveau logement où ils puissent jouir d’un air chaud et salubre. Ce loge- ment ou poussinière est une cage ou mieux une boîte proportionnée au nombre des poulets qu’on veut y faire vivre, ainsi qu’à leur âge. Cette boîte est à peu près trois fois aussi longue que large, et est munie d’un couvercle à charnière. Une des longues faces de la boîte est grillée du haut en bas, dans toute sa longueur, en fil de fer ou en barreaux de bois, comme les cages d’oiseaux. La poussinière qui n’est destinée qu’à loger 50 poulets nouvellement nés, sera assez spacieuse, si elle a 3 pieds de long, 1 pied de large et autant de hauteur. Pour réchauffer les poulets et leur tenir lieu des ailes de la poule, la poussinière est garnie d’une mère artificielle. Cette mère est une sorte de pupi- tre ( fig. 97) dont le bout le plus bas est encore assez élevé au-dessus du plan sur lequel la mère est posée, recevoir quarante ou cinquante jeunes poulets à la fois. Ceux de la poussinière ne sont pas longtemps à connaître à quoi la mère peut leur être utile ; ils savent se rendre dessous toutes les fois qu’ils son- gent à prendre du repos et à se mettre chaudement. Les poulets seraient encore plus chaudement sous la mère artificielle si une de ses extrémités était fermée ; elles peuvent l’être l’une et l’autre par un rideau de flanelle qui oppose peu de résistance à ceux qui veulent entrer et sortir; mais, dit réaumur, il faut bien se garder d’en fermer l’une des deux avec un corps arrêté fixement, attendu que les poulets ayant l’habitude de s’entasser les uns sur les autres, les plus forts montent sur les plus faibles, et les écrasent si ceux-ci ne trouvent pas à s’échapper par l’ouverture la plus basse de la mère. On voit au reste que l’inclinaison du châssis favorise le classement des poulets, les plus petits s’avançant plus avant que les plus gros. Malgré la fourrure et l’entassement des poulets, il est rare, surtout dans la saison froide, qu’il règne en tout temps dans la capacité de la mère une chaleur suffisante. Pour pouvoir y entretenir une température qui doit être environ de 15 à 18 degrés, réaumur conseille dans ce cas de placer en dessous un boîte contenant une chaufferette, remplie de braise couverte de cendre. Il vaut mieux introduire dans cette boîte un vase de grès, de fer ou d’étain, rempli d’eau bouillante, qu’on renouvelle 3 fois par jour dans les temps les plus froids. En été et dans une partie du printemps et de l’automne, l’eau chaude renouvelée le soir suffira pendant toute la journée. Un thermomètre placé dans la mère sert à déterminer la température qui règne dans son intérieur. Dans le système d’incubation de Bonnemain, on chauffe la poussinière en introduisant dans son intérieur, au-dessus des châssis qui portent la peau de mouton, les tubes qui ont circulé dans l’étuve, et au moment où ils vont se rendre de nouveau dans lecalorifère,(fig.98);cequisuffitpouryentretenir une chaleur douce et constante. La mère doit être placée à une des extrémités de la poussinière, mais elle n’en sera pas assez proche pour la toucher, et on aura soin de laisser entre elle et le bout un dégagement capable de contenir quelques poulets. La poussinière sera garnie de juchoirs placés à diverses hauteurs, de petites tremies pour contenir les grains et la nourriture des poulets, et d’un vase rempli d’eau, mais à ouverture étroite, afin que ces jeunes animaux ne puissent se mouiller les pieds ou quelques parties de leur plumage. Dans les essais d’incubation artificielle faits en Angleterre, on lui a donné un double fond mobile comme aux cages d’oiseaux, pour favoriser le nétoiement quotidien, et chaque jour on répandait sur ce fond une couche de terre sableuse, pulvérulente et séchée au four. Fig. 97. pour qu’un pelit pou- let puisse passer dessous sans trop fléchir les jam- bes. Toute sa surface intérieure est lapissée de peau de mouton ou d’agneau, bien fournie de laine douce. La petite

Fig. 98.
charpente de cette mère est un châssis fait en toit ; ce châssis laisse à la peau fourrée qui est tendue à sa surface inférieure, une flexibilité qu’elle n’aurait pas si ce toit était fait d’un ais, et il est posé de chaque côté sur une planche mise de champ, plus haute à sa partie antérieure, ou plutôt il est porté sur 4 pieds, dont les postérieurs sont très courts. Une hauteur de 2 pouces leur suffit si la mère est destinée à des pou- lets nouvellement nés. Les 2 pieds antérieurs ont alors assez de 4 pouces ; on leur en donne davan- tage et on augmente proportionnellement celle des pieds postérieurs, à mesure que les poulets devien- nent plus grands, ou si la mère est destinée à des poulets plus âgés.

Cette mère peut occuper toute la largeur de la poussinière. Sa longueur est arbitraire ; il suffit d’en avoir une de quinze pouces, si elle n’est destinée qu’à

CHAP.4e CONSIDÉRATIONS ECONOMIQUES SUR L’INCUBATION ARTIFICIELLE 89 Pendant la nuit, et dans tous les jours où le temps est rude, les poussinières doivent être mises à cou- vert dans une chambre bien close qu’on chauffera même en hiver, ou, ce qui est plus simple, elle sera rapprochée des fours ou des foyers où l’on entre- tient une chaleur constante. Mais lorsque les jours ne