Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/140

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autre, que le tonnerre, les rats, les souris et beaucoup d’accidents, diminuent d’une manière très irrégulière le nombre de nos précieux

126 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS À SOIE LIV. IV. insectes ? Déterminer la quantité de feuille qu’il leur faut devient donc impossible. Tout ce qu’il est important de savoir pour l’économie, c’est que la feuille soit entièrement consommée, et que, le repas fini, le ver témoigne par sa tranquillité qu’il n’a plus besoin de rien. Néanmoins, malgré l’impossi- bilité de fixer d’une manière rigoureuse la quan- tité de feuille que mange le ver, il faut savoir à peu près quel poids de graine on peut faire éclore, pour concorder avec la quantité de feuilles dont on peut disposer. La base la plus généralement adoptée est celle qui assigne à chaque once de graine 15 quin- taux de feuille. Je dois observer que jusqu’à la 4e mue le ver mange de la feuille plus ou moins dével- oppée ; alors on l’estime au poids qu’elle aurait si elle était faite. Quatre jours après la 4e mue, le ver n’a encore mangé que la moitié de sa feuille. § vi. —Des diverses qualités de feuilles. Cette comparaison trouvera sa place naturelle à l’article de la culture du mûrier ; il suffit de dire ici un mot pour guider le magnanier qui, n’en ayant pas une assez grande quantité, est obligé de s’en procurer d’étrangère à son exploitation. J’ai déjà dit que la plus nouvellement cueillie était la meilleure ; on aura donc égard à la distance à parcourir, et on se souviendra que celle qui a le plus de corps, la couleur la plus foncée, supporte mieux le transport. Celle qui est plus légère, plus souple, plus luisante, est la plus soyeuse ; on lui doit donc la préférence si elle est voisine de la magnanerie et qu’elle soit promptement consommée. Presque tous les agro- nomes s’accordent à placer au 1er rang la feuille sau- vage ; je dois cependant faire observer que le prix de la feuille étant ordinairement établi d’après son poids, il y a une grande perte à acheter celle-ci, car le sauvageon donne une plus grande quantité de fruits que le mûrier greffé : il y a quelquefois une perte de 15 à 20 p. % ; de plus le sauvageon ne fournit pas des jets longs et droits, mais au contraire courts et tordus ; en un mot il buissonne, d’où il résulte que la cueillette en devient plus pénible, plus longue et par cela même plus coûteuse. Toutes choses égales, je donne la préférence à la feuille qui provient d’un endroit sec et élevé. Une autre considération qui doit guider l’ache- teur, c’est la manière dont l’arbre est cultivé. — S’il est en plein vent, à haute tige, sa sève est plus élaborée, sa feuille plus nourrie et plus soyeuse. — Le nain donne une feuille plus précoce, mais moins parfaite ; elle convient dans les premiers âges. Le multicaule, la prairie de mûriers, ne fournissent que des jets en quelque sorte herbacés ; la feuille en est donc plus chargée d’eau de végétation, c’est la plus éloignée de la nature, la moins bonne. Février 1834. oCT. de ChapeLain Propriétaire correspondant dans la Lozère. seCTion III. — De la magnanerie en général. Dans les départements méridionaux de la France, où les vers à soie sont généralement appelés magnans, on désigne, selon les cantons, les bâtiments destinés à leur éducation, sous les dénominations de magnanerie, magnanière, magnassière ou magnanderie. Le nom du principal ouvrier chargé du soin de ces insectes varie aussi selon les provinces : là c’est le magnanier, ici le magnadier, ailleurs le magnodier ou le magnassier. Jusqu’à présent peu de propriétaires ont fait con- struire des bâtiments dans l’intention seule d’en faire des magnaneries, et cela à cause des grands frais que nécessiteraient des constructions unique- ment destinées à l’éducation des vers à-soie. Le plus souvent on profite de tout ce dont on peut disposer en bâtiments, et on les accommode le mieux qu’il est possible pour recevoir ces insectes pendant le temps qu’ils doivent les occuper, ce qui est d’une assez courte durée, car ce n’est qu’à commencer du quatrième âge que les vers ont besoin d’un grand emplacement ; jusque là il est presque toujours fac- ile de leur trouver assez, d’espace pour les loger à l’aise ; effectivement, au moment ou ils terminent leur 3e âge, les vers n’occupent guère que la 6e partie de l’espace qui leur sera nécessaire à la fin du 5e. Aussi dans les villes, comme dans les cam- pagnes, la plus grande partie de ceux qui font de petites éducations se contentent, pendant la saison des vers à soie, de se resserrer dans la plus petite portion de leur logement pour consacrer tout le reste à ces insectes ; il n’est pas même rare de voir, dans les campagnes, les paysans déménager de la seule chambre qu’ils aient, pour y loger les vers de 2 ou 3 onces de graine, et, pendant ce temps là, aller coucher dans leur grenier ou même au bivouac, quand ils ne peuvent disposer, dans leur maison, de cette espèce de réduit. § ier. — Situation, exposition. Lorsqu’on voudra faire construire des bâtiments uniquement consacrés à l’éducation des vers à soie, il faudra avoir soin de choisir un emplacement convenable, comme une colline ou un coteau, où l’air soit habituellement sec, agité, plutôt frais que chaud, et où les brouillards ne soient pas fréquents. On conseille d’éviter le voisinage des grandes routes sur lesquelles passent de grosses voitures, parce que- celles-ci produisent, dit-on, des commotions qui et étonnent les vers à soie et les troublent lorsqu’ils mangent et lorsqu’ils travaillent. Nous avons d’as- sez forts motifs pour croire que ces influences ne sont pas aussi nuisibles aux vers qu’on le dit. Il sera bon que la principale exposition du bâtiment soit au levant ou au couchant ; celle du nord est trop froide, celle du midi est trop chaude, et il faut tou- jours éviter avec soin les températures extrêmes, et surtout une exposition qui pourrait être sujette à des changements brusques, car rien n’est aussi con- traire à la santé des vers. Il est encore avantageux

CHAP.7e DE LA MAGNANERIE EN GÉNÉRAL 127 que la principale entrée de l’atelier ne commu- nique pas immédiatement avec l’