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Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/155

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it on donne la préférence à ceux qui sont plus durs, mieux conformés ; ceux qui joignent à ces qualités d’avoir une espèce d’anneau ou de cerclerentrantquilesserredanslemilieu(fig.140 ci-dessus), sont regardés comme très bons. — Il n’y a pas de signes bien certains pour distinguer le sexe des cocons ; cependant on a cru remarquer que les plus petits, pointus aux deux bouts et serrés dans le milieu, renfermaient souvent des mâles, tandis quelesplusronds,lesplusgrospeuoupointser- rés dans le milieu et communément plus pesants, contenaient très ordinairement des femelles : il faut donc choisir parmi ceux qui réunissent ces derniers signes, au moins la moitié et même les deux tiers des cocons qu’on veut garder pour graine ; on aura tou- jours assez de mâles. Il est prouvé par l’expérience que lorsqu’on a fait choix de cocons qui étaient tous d’une couleur uniforme, on en obtenait une race de vers qui don- naient exactement des cocons de la même couleur ; mais comme beaucoup d’éducateurs de vers à soieneprennentpascesoin,onaleplussouvent, dans une seule éducation, des cocons de plusieurs couleurs et de plusieurs nuances. Ainsi dans les 2 couleurs principales, le jaune et le blanc, on dis- tingue des cocons d’un jaune très foncé et d’autres plus pâles ; il y en a qui paraissent fauves clairs ou de la couleur du nankin des Indes, et dont la nuance est aussi plus ou moins intense. Les blancs ne sont pas moins variables, depuis le blanc le plus pur dit blanc sina ou de Chine, dont quelques éducateurs se sont appliqués à conserver la race aussi pure que possible, jusqu’au blanchâtre sale et à la teinte sou- frée ont les cocons sont dits verts. Nous regardons ces derniers comme appartenant à une modifica- tion du blanc, parce que les vers qui les filent ont les pattes blanches, et parce que cette race est très dif- ficile à maintenir sans une éducation subséquente ; car,quelquesoinqu’onaitprisdeneconserverque les cocons les plus foncés, il s’en trouve toujours un grand nombre qui passe au blanchâtre. La bourre qui se trouve plus ou moins abondante sur la surface des cocons réservés pour la reproduc- tion doit être soigneusement enlevée, parce qu’elle pourrait gêner les papillons lors de leur sortie, et parce que, tel faible qu’en soit le produit il n’est pas à négliger. Cela étant fait, on place ces cocons dans des tiroirs ou dans des boîtes, et par lits de l’épais- seur de deux cocons, dans une chambre dont la température ne soit pas moindre de 15° ni plus forte que 18°, si cela est possible, et on attend la sortie des papillons. Au lieu de choisir pour ainsi dire au hasard les cocons pour graine, ne vaudrait-il pas mieux, dans le courant de l’éducation, prendre les vers qui auraient toujours fait leurs mues les premiers, qui auraient par conséquent montré plus de vigueur, et les faire filer à part ? Il ne serait pas difficile d’essayer si ce nouveau moyen ne donnerait pas des produits plus avantageux ; peut-être en obtiendrait-on une race de vers améliorés. Quant à la masse de cocons qui fait le véritable produit de l’éducation et qu’on doit conserver pour en retirer la soie, comme cette opération ne peut se faire tout de suite, il faut tuer les chrysalides dans les cocons mêmes, afin que ceux-cinesoientpaspercésparlespapillons.La simple exposition des cocons pendant 3 à 4 heures à un soleil très ardent suffit pour faire périr la chry- salide ; mais ce moyen, à cause de l’incertitude du climat, est souvent insuffisant, ce qui fait qu’on le met rarement en usage. On préfère ordinairement employerlachaleurdesfoursquel’onappliqueassez souvent sans règle bien précise. Les cocons, placés dans de grandes corbeilles, sont mis dans le four après qu’on en a retiré le pain, et on les y laisse plus ou moins longtemps suivant le degré de chaleur, ce dont les ouvriers qui en ont l’habitude peuvent seuls être juges. Comme il n’est pas rare que cette chaleur étant appliquée trop forte cause des acci- dents qui nuisent à la qualité de la soie et à son produit, on a proposé plusieurs autres méthodes : l’emploi des substances volatiles, comme le camphre ; celui des gaz non respirables et délétères, comme l’acidecarbonique,legazacidesulfureux;maisjusqu’à présent les divers essais faits en ce genre n’ont pas encore présenté des résultats assez positifs. m. FonTana a aussi proposé d’étouffer les chry- salides par la vapeur de l’eau bouillante, ou en les plongeant dans l’eau bouillante elle-même ; mais, quelques précautions qu’on prenne pour les faire sécher ensuite sur des claies bien aérées, et quelque favorable que soit la saison, le ramollissement du tissu des cocons et l’humidité qui les pénètre font promptement tomber la chrysalide en putréfac- tion, et sont d’ailleurs très nuisibles à la qualité et à la beauté des cocons, qui par suite sont souvent tachés ; de sorte que l’application d’une chaleur sèche a été en définitive reconnue le meilleur moyen pour faire périr les chrysalides. Pour obvier à l’in- convénient des fours, ce qu’on a imaginé de mieux estunétouffoirquiconsisteenuneespèced’armoire divisée en étages formées de caisses plates de cuivre ou de fer-blanc, dans lesquelles on introduit les cocons. La vapeur qui sort d’une chaudière envel- oppe chacune de ces caisses qui sont hermétique- ment fermées, et les cocons n’éprouvent aucune altération, ni dans leur couleur, ni dans leur tissu. On dit que la chaleur doit être élevée à 75° dans cet appareil ; mais nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire de porter la chaleur si haut, car, dans un essai que nous avons fait en exposant dans une petive étuve, seulement à une chaleur de 50 degrés, quelques centaines de cocons, il n’a fallu qu’une heure pour en faire périr toutes les chrysalides. Une étuve dans laquelle il est toujours assez facile de graduer la chaleur à volonté, pourrait donc aussi être employée pour étouffer les chrysalides dans les cocons. En opérant plus en grand, il serait peut-être nécessaire d’en élever la chaleur à 60 degrés au lieu de 50 qui nous ont suffi pour un petit nombre de cocons. Dans une assez petite étuve, comme celle dont on a donné les dimensions plus haut, on pour- rait facilement étouffer 2 ou 3 mille livres de cocons.