Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/161

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DE LA SOIE 147 de la rouille. Cet embarras se transforme, en peu de jours, en un flux ventral qui amène promptement la mort. Dans tous les cas, l’observation des principes que nous avons posés dans ce chapitre, et l’attention de rejeter les feuilles qui sont tachées, mettent une magnanerie à l’abri des attaques de cette maladie. 7° Les vers à soie sont encore sujets à quelques autresaffections,tellesquelatouffe,malproduit par une chaleur excessive qui suffoque les vers, unie à l’insalubrité des litières. Quelques éduca- teurs promènent autour des claies une pelle chaude sur laquelle ils répandent du vinaigre dont la vapeur réveille les insectes. Une bonne ventilation, des aspersions d’eau fraîche sur le pavé pendant les grandes chaleurs, le changement des litières, quelques moyens préservateurs contre la chaleur directe des rayons solaires, ont presque toujours du succès dans ce cas. — Les hémorrhoïdes surviennent lorsque le ver en quittant sa tunique pendant la mue, ne peut se débarrasser, aux stigmates et à l’anus, des tuyaux d’ancienne peau qui les obstruent et causent des grosseurs ou varices qu’on peut comparer à des hémorrhoïdes. On a indiqué comme remède de donner un bain d’eau fraîche aux malades ; le ver, se trouvant alors rafraîchi, expulse abondam- ment des matières fécales qui entraînent les tuy- aux. Mais ce remède ne paraît guère applicable en grand. —Les chutes, des violences extérieures, ou une pression trop forte entre les doigts quand on les saisit, occasionent souvent chez les vers des tumeurs, dans lesquelles s’extravase et se solidifie la matière soyeuse ; c’est ce qu’on nomme perle soyeuse. Les vers qu’on touche trop souvent sont atteints de flaccidité, c’est-à-dire que leur corps est mou ; ils perdent lentement la vie lorsque la pression a été assez considérable pour meurtrir, léser ou déchirer leurs organes. On voit, d’après ce tableau des maladies les plus communes chez les vers à soie, que la plupart sont incurables, et que c’est par des soins, de l’activité, de la vigilance, et plutôt par des moyens hygiéniques que thérapeutiques, qu’on peut les prévenir et les combattre avec succès dès leur début. Ces moyens hygiéniques se composent de pratiques simples et faciles à observer, mais très propres à bannir des ateliers ces redoutables affections pathologiques qui exercent tant de ravages chez les éleveurs négligents et ignorants, et leur font éprouver des pertes con- sidérables. Nous les résumons dans les préceptes suivants : Maintenir les papillons dans un local sec, à une température de 16° à 19° centig. ; ne pas entasser les œufs, mais les étendre sur une surface suffisante, puis n’exposer ces œufs qu’à une température de 14° ou 15° qu’on elève ensuite peu à peu jusqu’à ce que l’éclosion soit accomplie. — Maintenir les vers naissants à la température de 19° environ ; les préserver du froid et des vents insalubres, froids et secs ; les distribuer sur un espace proportionné à leur nombre, et suffisant pour qu’ils puissent vivre et respirer en liberté. — Renouveler fréquemment l’air des ateliers, ou entretenir des courants qui l’agitent, l’entraînent doucement et avec lenteur ; le purifier par les moyens que nous avons indiqués p. 133, lorsqu’il a acquis des qualités délétères. — Entretenir une température égale dans l’atel- ier ; allumer de la flamme à propos, quand l’air est humide ou l’arroser pendant les grandes chaleurs ou les temps secs et orageux. Admettre autant que possiblelalumièresolaireàl’intérieur,quandelle n’élève pas trop la température. — Préserver l’in- térieur de la magnanerie des variations brusques de température, et généralement de toutes les secousses ou phénomènes atmosphériques accidentels. — Ne distribuer que des aliments sains, non humides, de bonne nature, et conformes en qualité et en quan- tité à l’âge de l’insecte, et les donner avec une par- faite régularité. — Entretenir la plus grande pro- preté et enlever avec soin et ponctualité les litières avant qu’elles entrent en fermentation. — Séparer généralement les vers malades de ceux qui sont sains, et exercer une surveillance active et contin- uelle. — Enfin, redoubler d’attention à l’époque des mues et à celle de la montée sur les rameaux. Il n’y a jamais de maladies, dit dandoLo, lorsque l’œuf a été bien fécondé, bien conservé, et qu’on a observé rigoureusement les préceptes exposés par les plus habiles éducateurs. F. M. seCTion vi. — Préparations de la soie. Nous avons déjà vu (p. 121) quels sont les organes dont le ver à soie fait usage pour transformer en un fil continu le liquide visqueux qui est contenu dans un appareil qui le sécrète en particulier. Nous sommes entrés aussi dans les détails nécessaires pour faire connaître la manière dont on amène cet insecte à former ce fil et à en faire une sorte de peloton qu’on nomme cocon. Dans cet état, ce fil précieux ne sau- rait être d’un usage bien étendu dans les arts, et il est nécessaire, au moyen de pratiques particulières, de dévider ce peloton en un fil continu, de le doubler et le tordre pour le rendre propre à la fabrication des tissus de toute espèce. Les travaux qu’on exécute pour cet objet prennent le nom général de moulinage des soies. Ces travaux sont d’une très grande impor- tance, puisque, indépendamment de la nature et de la qualité du fil en cocon, ils contribuent beaucoup par leur bonne exécution à élever la valeur de la soie, et à donner aux étoffes cette force, ce moelleux et cet éclat qui les font rechercher. Le moulinage des soies se partage en 2 opéra- tions principales : l’une appelée tirage de la soie, qui peut être exécutée facilement dans les campagnes par ceux qui élèvent des vers à soie ; l’autre, le moulinage proprement dit, qui exige généralement de grandes machines, et est plutôt du ressort des fabriques. Nous nous étendrons peu sur celle-ci, mais nous entrerons, relativement à l’autre, dans des détails plus étendus : notre intention, toute- fois, n’étant pas ici d’enseigner un art qui, comme bien d’autres, exige une étude et une longue pra- tique, mais de