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chap. 8e.
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Histoire naturelle des abeilles.


ces personnes s’approchent près d’un essaim, une ou deux abeilles volent aussitôt près de leur visage, et par un mouvement vif de gauche à droite et de droite à gauche, accompagné d’un son très-aigu, semblent les menacer. Il faut alors se retirer pour éviter leur aiguillon. Enfin, si elles manquent de vivres, elles se décident à attaquer un autre essaim bien approvisionné.

Les abeilles sont très-laborieuses et très-actives. Douées d’un odorat très-fin, on les voit sortir, dès la pointe du jour, de leur habitation, pour se rendre directement, d’un vol rapide, vers les fleurs sur lesquelles elles comptent trouver du nectar qu’elles avalent, et du pollen ou de la propolis qu’elles placent dans la palette de leurs pattes de derrière. Pendant qu’elles s’approvisionnent, d’autres s’occupent des travaux de l’intérieur. Elles ne souffrent pas de bouche inutile.

Leurs yeux sont disposés de manière à voir pendant la nuit comme pendant le jour. Aussi travaillent-elles à ces deux époques à la confection de leurs rayons.

Elles sont susceptibles d’attachement et reconnaissent ceux qui les soignent. Leur amour pour leur reine ou mère est tel qu’elles se sacrifient au besoin pour la sauver du moindre danger.

Quant à leur instinct, leurs travaux démontrent qu’il est très-développé, comme les faits suivans le prouveront. Leur cri ou chant très-varié leur donne les moyens de s’entendre.

Leur gouvernement est maternel. C’est une mère de famille constamment dans l’habitation, qui surveille les travaux de ses enfans, qui s’occupe une partie de la journée de reproduire son espèce et qui ne demande en échange que le simple nécessaire. Ses sujets sont tous égaux. Ils s’occupent indifféremment, à l’exception des mâles, de tous les ouvrages utiles à la société, et ils jouissent en commun des provisions qu’ils ont déposées dans leurs magasins.

[8.1.4]

§ IV. — Travaux des abeilles.

Dès qu’un essaim a choisi pour son habitation, soit un trou d’arbre, soit un creux de rocher, son premier soin est de le nettoyer et d’en boucher tous les trous et crevasses, à l’exception d’une ouverture qui servira pour entrer et sortir. Pendant ce travail une partie des ouvrières s’attache, avec les crochets dont leurs pattes sont munies, au sommet du local, et d’autres s’accrochant aux 1res, elles forment comme un ovale ou une grappe de raisin. — Bientôt le groupe se subdivise pour commencer le travail des rayons, qui représentent des rideaux séparés de façon à laisser un intervalle de quatre lignes entre eux. Ces dispositions faites, elles emploient les matériaux qu’elles ont apportés, et bientôt un grand nombre d’ouvrières se rendent dans les forêts ou les champs, jusqu’à une lieue de distance, pour butiner sur les fleurs, pour se procurer de l’eau et même d’autres substances qu’elles recherchent sur les fumiers, dans les urines et au bord des mares. Lorsqu’elles sont suffisamment chargées et remplies, elles rentrent dans l’habitation et se suspendent à un des groupes. Elles y restent immobiles pendant que le nectar dont elles se sont gorgées se change en miel dans leur premier estomac ou en cire dans le second, suivant les besoins de la famille ; alors elles dégorgent leur miel, soit pour le distribuer aux ouvrières, soit, plus tard, pour le déposer dans les magasins. Elles en font autant d’une partie de la cire qu’elles rendent sous la forme de bouillie et qui est employée sur-le-champ pour lier entre elles le surplus de la cire qu’elles ont confectionnée et qui sort de leur abdomen entre les écailles, sous la forme de petites plaques. Ainsi elles produisent à volonté du miel ou de la cire avec le nectar comme avec la miellée, le sucre et toutes les matières sucrées.

Quant à la propolis, substance nécessaire pour attacher les constructions au haut et sur les côtés de l’habitation, des ouvrières la détachent des pattes de celles qui l’apportent, parce qu’elle y tient fortement. Elles en garnissent les parties supérieures où elles veulent commencer et suspendre leurs constructions, car elles construisent de haut en bas.

Ce travail achevé en partie, elles s’occupent de faire un 1er rayon. Lorsqu’il a 3 ou 4 pouces de longueur, elles en commencent un 2e et bientôt un 3e qu’elles placent à droite et à gauche du premier, et ainsi de suite jusqu’à ce que toute l’habitation en soit remplie.

Les rayons, qu’on nomme aussi gâteaux, dont on voit le plan dans la fig. 156, la coupe fig. 157 et la vue perspective fig. 158, sont placés parallèlement et à 4 lignes de distance ; ils sont faits avec de la cire et sont composés de cellules hexagones, alongées, nommées alvéoles, de 5 ⅔ lignes de profondeur sur 2 ⅖ lignes de diamètre. Les alvéoles sont construits horizontalement et un peu penchées du côté du fond. Placés des deux côtés du rayon, ils sont disposés de manière que leur fond couvre le tiers du fond de trois alvéoles placés de l’autre côté, ce qui donne plus de solidité.

Les parois des alvéoles n’ont que ⅙e de ligne, mais les bords de leur ouverture sont