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liv. iv.
ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES ABEILLES.


au lieu que les essaims naturels s’approvisionnent pour 3 jours.

Si la reine y est montée avec les ouvrières, dès que ces dernières sont libres il en sort plusieurs ; mais, bientôt, d’autres abeilles sonnent le rappel, et les premières rentrent. Dans le cas contraire, il n’y a point de rappel, l’opération est manquée et à recommencer, et les ouvrières sortent peu-à-peu pour retourner à la ruche-mère, ce qu’elles font, à moins qu’on n’ait une jeune reine, dont on a miellé les ailes, à leur donner, et après l’entrée de laquelle on ferme la ruche pendant un quart d’heure.

Quant à la ruche-mère qu’on a tout de suite remise en place, les ouvrières qui reviennent des champs y entrent, et si la mère y est restée, l’ordre s’établit tout de suite ; mais si elle est avec l’essaim, beaucoup d’ouvrières sortent, volent autour jusqu’à ce que la vue des nymphes de reine ou, à leur défaut, d’œufs ou de vers d’ouvrières de moins de 3 jours, déterminent les abeilles qui sont dans l’intérieur à battre le rappel pour rétablir l’ordre, ce qui fait connaître que l’opération a réussi.

2o Si on veut agir sur les ruches villageoises ou à hausse, on les met dans leur position naturelle sur le tabouret ; mais cet instrument doit alors avoir son ouverture fermée avec un morceau de toile de fil de laiton. On garnit ses côtés avec de la serpillière qu’on y cloue tout autour, excepté sur le devant, où la toile n’est attachée que dans le haut pour qu’on puisse mettre sous le tabouret un fumeron ou un réchaud contenant des charbons en feu, sur lequel on a jeté des débris de toile ou de la bouse de vache desséchée. On tire le couvercle à la ruche villageoise ou la hausse supérieure de la ruche à hausse. On place sur la 1re  le corps d’une ruche vide qu’on recouvre du couvercle de la ruche-mère, si cette dernière contient beaucoup de miel. On en fait autant à la ruche à hausse ; on met alors le fumeron ou le réchaud sous le tabouret. Les coups de baguette, joints à la fumée, réduisent à moitié, au moins, le temps nécessaire pour faire monter l’essaim. Ensuite on agit comme ci-dessus, sauf le miel qu’on ne donne pas à l’essaim, à moins qu’on ne soit forcé de rendre le soir le couvercle ou la hausse aux ruches mères, si elles n’en ont pas d’autres. On fait ces essaims depuis 9 heures du matin jusqu’à 3 heures du soir.

3o Quant à ceux qu’on forme par séparation avec les ruches qu’on divise sur la largeur, il faut, la veille, les ouvrir pour s’assurer de quel côté sont les alvéoles de reine. On rapproche les 2 parties sans les attacher, et le lendemain, depuis la pointe du jour jusqu’à la nuit, après avoir attiré par quelques coups la reine du côté qu’on veut emporter, et avoir mis les abeilles en état de bruissement, on sépare les 2 parties de la ruche, on applique à chacune une partie vide. On apporte celle qui contient la mère de l’autre côté du rucher et on laisse l’autre en place. Les 2 ruches, ayant moitié du couvain et des provisions, n’ont besoin de rien.

4o Les mauvais temps ou d’autres causes exposent quelquefois les apiculteurs qui laissent sortir les essaims à n’en avoir qu’un petit nombre, quoique leurs ruches soient trop garnies d’abeilles, et qu’une partie soit forcée de passer la nuit sous le plateau où elles se forment en groupe. Alors ils peuvent former des essaims de la manière suivante. Ils prennent une ruche bien préparée qu’ils emmiellent un peu ; s’ils ont de jeunes reines, ils en prennent une dont ils emmiellent les ailes pour l’empêcher de voler. Ensuite, après avoir retourné la ruche, ils passent une plume entre le plateau et un groupe d’abeilles pour détacher ce dernier et le faire tomber dans la ruche, puis ils en font autant à d’autres groupes, le tout très-promptement, jusqu’à ce qu’ils trouvent l’essaim assez fort. Alors ils le mettent tout de suite en place avec une livre de miel ; ou bien, s’ils ont une ruche très-forte en abeilles qui n’essaime pas, après avoir disposé une ruche comme ci-dessus, on la met de onze heures à midi à la place de la ruche qu’on emporte dans la partie la plus éloignée du rucher. Les abeilles qui reviennent chargées de provisions, après être entrées et sorties de la ruche, se décident à y rester à la vue du couvain ou de la reine qu’elles nettoient, et elles sonnent le rappel. Alors l’essaim est formé.

Quelquefois, un essaim sort sans avoir trouvé un lieu pour se fixer, et il s’abat dans le rucher pour se réunir à un autre essaim. Si ce dernier est faible et de l’année, on l’y laisse entrer ; mais si cet essaim est fort et de l’année précédente, on s’oppose à la réunion, parce que, dans le 1er  cas, les 2 essaims pourraient en donner un qui sortirait trop tard pour réussir, et que cependant on n’empêcherait pas toujours sa sortie en augmentant les dimensions de la ruche ; dans le 2e cas, il y aurait un combat entre le nouvel essaim et l’ancien qui ferait périr beaucoup d’abeilles, et la destruction pourrait être très-grande si les abeilles des ruches voisines se joignaient aux combattans. Pour prévenir cette perte, on diminue beaucoup l’entrée de la ruche attaquée, on y répand de la fumée, et on présente au nouvel essaim une ruche bien préparée et emmiellée dans laquelle il finit par entrer.

[8.2.3.6.3]

III. Essaims secondaires.

On ne doit faire ou laisser sortir un second essaim d’une ruche, que lorsque le canton leur est très-favorable et qu’on en a besoin pour soi ou pour la vente. S’il en sort un, il faut le ramasser, et, à la nuit tombante, le jeter devant la ruche où les ouvrières rentrent. Ensuite, on met les abeilles en état de bruissement, et on les y tient quelque temps, si la forme de la ruche ne permet pas de voir les alvéoles de reine et de les enlever. Les jeunes reines développées profitent du moment pour s’échapper de leurs alvéoles ; elles s’attaquent jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une de libre dans la ruche, et on trouve les autres le lendemain matin au pied de la ruche. On enlève en outre un ou 2 rayons de chaque côté, qu’ils soient vides ou pleins de miel, et on coupe l’extrémité inférieure des autres rayons. La destruction des jeunes reines et le vide produit dans la ruche em-