Aller au contenu

Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/479

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
chap. 27e
465
PRODUITS DES ANIMAUX.

TITRE QUATRIÈME.

arts divers qui peuvent être exercés dans les campagnes.

Dans les 3 titres qui précèdent nous avons cherché à décrire la plupart des arts qui se rattachent particulièrement à l’agriculture et qui peuvent s’allier avec l’exploitation d’un domaine rural. Dans cette description, nous avons cru devoir entrer dans des détails techniques de quelque étendue, afin de mieux faire comprendre le but et les moyens d’exécution de ces divers arts, les perfectionnemens qui leur ont récemment été appliqués et enfin les avantages et les profits qu’ils procurent quand ils sont exploités d’après les procédés les plus accrédités ou les mieux entendus.

Mais il existe une foule d’autres industries plus humble qu’on peut exercer avec profit dans les campagnes, et un grand nombre d’occupations fructueuses que peuvent se créer les petits cultivateurs et qui vont faire l’objet d’un examen rapide dans le présent titre. Ces industries ou ces occupations, que celui qui exploite un domaine de quelque étendue est la plupart du temps forcé de négliger, parce que les travaux des champs, la surveillance des serviteurs, la vente des produits l’occupent exclusivement ou parce qu’il peut faire un emploi plus avantageux de son temps et de ses capitaux sont au contraire une ressource précieuse pour les petits cultivateurs dont les travaux des champs n’absorbent pas tous les momens, surtout pour ceux qui ont contracté l’habitude d’une vie active et laborieuse et qui élèvent leur famille dans l’amour de l’ordre, de l’économie et du travail.

Plusieurs de ces arts exigent, pour donner quelques bénéfices, un travail soutenu, une extrême économie dans la main-d’œuvre et une persévérance dans le travail qu’on ne rencontre pas dans tous les lieux et chez les habitans de tous les pays ; mais aussi, quand ils sont exercés avec intelligence, ils nécessitent une faible avance de capitaux et peuvent améliorer sensiblement la condition des plus pauvres familles.

On ne doit pas s’attendre à trouver ici une description détaillée de tous les arts dont les petits cultivateurs pourraient entreprendre l’exploitation, parce que le succès dépend plutôt de l’intelligence que de la perfection des méthodes, que l’apprentissage n’en est ni long ni difficile et que ces arts varient à l’infini, suivant les localités, les goûts et les mœurs des habitans ou par suite de la mode ou des améliorations successives introduites dans l’état social des populations ; mais nous signalerons de préférence ceux où les travaux, faciles d’ailleurs à conduire et à diriger, peuvent être pris et abandonnés à plusieurs reprises dans la journée, sans préjudice pour la bonne confection des produits, ceux qui s’exercent sur des matières 1res qu’on a généralement sous la main, et qui trouvent un écoulement facile, sûr et abondant, un marché presque toujours ouvert et dont le prix ne varie que dans d’étroites limites. Nous aurons soin de citer fréquemment les populations laborieuses de nos campagnes qui se distinguent par tel ou tel genre d’industrie, pour engager celles qui ne marchent pas encore dans cette heureuse voie à imiter leur exemple, si elles veulent accroître parce moyen leur bien-être et leur aisance. Enfin, nous terminerons ce chapitre en indiquant aux classes pauvres des campagnes quelaues occupations qui pourraient diminuer leur détresse et les soulager dans leurs besoins


CHAPITRE XXVII. — Fabrications et industries diverses.

Section 1re. — Produits des animaux.

Voyons d’abord quels sont les arts qui s’exercent sur les produits des animaux et qu’on pourrait réunir à une petite exploitation rurale.

En Pologne et en Russie on emploie de préférence pour harnais un cuir appelé cuir tordu, et que les gens de la campagne préparent eux-mêmes. A cet effet, on prend de la peau de vache qu’on a fait sécher ; on commence par enlever le poil au moyen de l’eau bouillante et d’une sorte de grattoir, puis on la coupe en longues lanières que l’on coud bout à bout. Les 2 extrémités de ces bandes sont pareillement cousues et le cuir se trouve former ainsi un cordon double. En cet état, on l’imprègne de corps gras et chauds, on l’accroche à un clou au plafond et on attache des poids à la partie inférieure. Entre les 2 bandes parallèles de ce cuir on passe 2 bâtons que l’on croise horizontalement et auxquels on fait faire plusieurs tours. Par ce moyen, les 2 bandes se trouvent tortillées et fortement pressées l’une sur l’autre. Pendant l’opération le cuir s’échauffe sensiblement ; on continue alors à l’imbiber d’un corps gras, en opérant la torsion tantôt d’un côté et tantôt d’un autre, jusqu’à ce qu’il soit parfaitement imbibé et devenu d’une souplesse extraordinaire. Ce cuir tordu dure très long-temps, conserve sa bonne qualité et pourrait avantageusement faire l’objet d’un petit négoce.

La fabrication des gants, dans les villes de Grenoble, Niort, Chaumont, Lunéville, Vendôme, Rennes procure de l’ouvrage à un grand nombre de femmes des villages environnans,

qui sont employées à les coudre et à les orner

agriculture.
tome III.— 59